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Dirigeants

Norvège
Compétence Exclusive

Knarr

Les unités peuvent traverser les cases d'océan une fois la technologie de construction navale découverte. Les unités navales de combat rapproché se soignent lorsqu'elles se situent en territoire neutre. L'embarquement et le débarquement des unités ne consomment pas de PM.

Contexte Historique
Les Vikings norvégiens étaient sans nul doute amateurs de voyage : en l'an 800, ils avaient déjà tour à tour colonisé les Shetland, les Orcades, les îles Féroé, les Hébrides, et d'autres lieux pourtant jugés indésirables par leurs voisins. Aux alentours de l'an 820, ils s'étaient installés sur la côte ouest de l'Irlande, fondant ainsi certaines des plus grandes villes de l'île, comme Dublin. Vers 870, ils découvrirent l'Islande, qu'ils ne tardèrent pas à diviser en 400 parcelles tenues par des chefs de clan. Un siècle plus tard, on retrouve leurs traces au Groenland, peu de temps avant que Leif Erikson ne débarque en Amérique du Nord, bien qu'il n'y restât pas longtemps. Durant tout ce temps, pourtant, la Norvège n'était pas tant un pays unifié qu'une agglomération de royaumes se disputant le contrôle de la région.

Harald Ier, coquettement surnommé "Belle chevelure", amorça le processus de création de la Norvège lorsqu'il anéantit ses rivaux à la bataille de Hafrsfjord en 872 (la date exacte fait débat, la tenue des registres vikings laissant quelque peu à désirer). Mais ce fut Olaf Haraldson, couronné en l'an 1015 sous le nom d'Olaf II, qui fut le premier à régner de fait sur une Norvège unie, même si pendant des siècles, plusieurs seigneurs continuèrent à chercher l'indépendance. Saint Olaf, puisqu'il fut canonisé, convaincu qu'Odin, Thor et le Valhalla n'étaient que des racontars de bonnes femmes, mit tout en œuvre pour évangéliser la nation. Il força les things, des entités politiques locales, à adopter des lois rendant obligatoires l'adoption du christianisme, l'édification d'églises et la destruction des lieux d'adoration païens, et fit de Trondheim la capitale religieuse de la Norvège. En remerciement pour ses efforts, Olaf fut tué au cours de la bataille de Stiklestad, en juillet 1030, mais son travail permit au christianisme de prendre racine dans le pays.

Si Harald Hardråde trouva la mort à Stamford Bridge en 1066, ce qui mit un terme brutal à sa tentative de conquête de l'Angleterre, sa famille continua à régner sur la Norvège jusqu'en 1130, avec la mort de Sigurd Magnusson, dit "le Croisé". Sa succession donna lieu à un siècle de guerres civiles, jusqu'à l'avènement de la dynastie des Sverre, en 1217, avec Håkon IV. Pendant plusieurs générations, le pays connut alors un âge d'or, tant sur le plan politique que culturel, au cours duquel la Norvège annexa l'Islande et le Groenland. En 1266, Magnus VI "le législateur", bien forcé d'admettre qu'il ne pourrait pas défendre ses villages des Hébrides contre les féroces Écossais, préféra leur vendre l'archipel, ainsi que celui de l'Île de Man. Les Shetlands et les Orcades, en 1468, connurent le même destin.

L'époque était à la paix et à la prospérité dans la péninsule scandinave, et les Norvégiens en profitèrent. Les marchands vikings prirent la direction du sud vers le Moyen-Orient, de l'est vers les étendues russes, mais aussi et surtout de l'ouest, avec les îles britanniques, qui raffolaient de leurs matières premières (fourrures, bois de sapin, poisson et minerai). L'agriculture prospérait le long des côtes, tandis que les arts atteignaient des sommets jusqu'alors inaccessibles. En travaillant le bois et le métal dans six styles différents, comme l'Oseberg ou l'Urnes, certains artisans norvégiens se forgèrent aussi une réputation d'artistes. Les constructeurs de navires nordiques conçurent des vaisseaux capables de traverser les océans. Les armures et les armes des forgerons nordiques étaient les meilleures d'Europe, ce qui tenait presque de la bénédiction, car si les royaumes vikings ne se déchiraient plus entre eux, ils s'attaquaient très régulièrement à l'un ou l'autre de leurs voisins. Hélas, tout a une fin, et les beaux jours aussi.

Vers 1350, la peste noire atteignit la péninsule scandinave, exterminant la moitié de sa population en l'espace de quelques années. Moins d'habitants signifiaient mathématiquement moins d'impôts versés à la couronne, qui perdit progressivement de son emprise. Parallèlement, l'Église catholique augmenta la valeur de la dîme, gagnant ainsi en puissance, à tel point que lorsque l'archevêque de Trondheim revendiqua un siège au Conseil d'état, il l'obtint sans résistance. À la fin du XIVe siècle, la Ligue hanséatique prit graduellement le contrôle des voies commerciales norvégiennes. En 1343, elle installa un comptoir commercial à Bergen, et en un demi-siècle à peine, elle y avait son propre quartier et disposait de préférences commerciales auprès des pêcheurs. Bergen demeura d'ailleurs sous la domination de la ligue jusqu'au milieu du XVIe siècle.

Ces difficultés incitèrent les royaumes vikings à s'unifier, sous la houlette de Marguerite Ière, fille du roi du Danemark Valdemar IV. Elle commença par épouser Håkon VI, le roi de Norvège, dont elle eut un fils, Olaf Haakonsson. À la mort de Valdemar, en 1376, Marguerite imposa son fils comme successeur, puis, quatre ans plus tard, à la mort d'Håkon, elle le fit également couronner roi de Norvège sous le nom d'Olaf IV. Un double royaume ne lui suffisant pas, elle jeta ensuite son dévolu sur la Suède, qui n'attendait qu'un signe pour se débarrasser de son roi et rejoindre cette nouvelle union. Ce fut chose faite en 1397, avec la signature de l'Union de Kalmar. Celle-ci regroupait non seulement les trois royaumes, mais également les territoires d'outre-mer norvégiens, ainsi que la Finlande par le biais de la couronne suédoise. Conçue afin de contrecarrer l'influence croissante de la Ligue hanséatique et des princes allemands sur les côtes baltiques, l'Union de Kalmar subsista jusqu'en 1523, date du "Bain de sang de Stockholm" qui déclencha la révolution et vit Gustave Vasa prendre la tête de la Suède "libre".

L'Union de Kalmar fut plutôt une aubaine pour la Norvège, si ce n'est en matière de religion. Si Frédéric Ier, roi de Danemark et de Norvège, était plutôt favorable aux hérésies de Luther, ce n'était pas le cas de son peuple. Le problème ne fit qu'empirer en 1529, lorsque le roi chercha à imposer le protestantisme aux Norvégiens. L'archevêque catholique d'alors, à Trondheim, prit comme de juste la tête de la résistance et invita le roi catholique Christian II à revenir d'exil, lequel fut capturé et emprisonné pour le restant de ses jours. Frédéric mourut, et la guerre civile qui s'ensuivit fut le théâtre de nouvelles révoltes catholiques, toujours sans résultat. Le vainqueur danois et nouveau roi Christian III exila l'archevêque et destitua la Norvège de son statut, l'abaissant à celui de simple province danoise en 1536, ce qui lui permit de lui imposer le luthérianisme dès l'année suivante.

Suite à la Réforme, le climat s'apaisa quelque temps, et les Norvégiens s'habituèrent à cette nouvelle vie. Certes, il arrivait aux Danois, soupe-au-lait, de les envoyer au front de telle ou telle guerre : celle de Kalmar (1611-1613), celle de Trente Ans (1618-1648), ou encore la Première guerre du Nord (1657-1660), lesquelles entraînaient quelques changements de frontières. Mais de manière générale, tout allait bien. La population augmenta de 750 000 habitants en 300 ans, de 1500 à 1800, le système administratif danois fut réformé, et la Norvège divisée en deux comtés. Sous la houlette de rois compétents, la corruption au sein du gouvernement connut un net recul, une performance dans ce pays qui comptait alors 1 600 fonctionnaires désignés par l'état. Malheureusement, et ce surtout pour les Danois, le pays se retrouva embarqué dans le tumulte engendré par Napoléon, et de surcroît du mauvais côté.

Lorsque les conflits prirent fin, la Norvège était devenue une partie de la Suède. Une assemblée nationale norvégienne avait pourtant rempli ses fonctions, en ébauchant la constitution d'une monarchie parlementaire en mai 1814, mais cela n'empêcha pas une invasion suédoise deux mois plus tard. Les conquérants acceptèrent toutefois, par le biais de la convention de Moss, de reconnaître la constitution de la Norvège, sous réserve de la reddition du pays et de sa bonne conduite. Ce fut la naissance de l'union constitutionnelle entre la Suède et la Norvège, le roi suédois Charles XIV Jean étant élu pour porter les deux couronnes. Une mouvance nationaliste et libérale norvégienne s'épanouit, bien aidée par la complaisance de la Suède. En 1816 fut créée la banque centrale de Norvège, et le Speciedaler fut désigné comme monnaie officielle. La vieille aristocratie norvégienne fut démantelée par le parlement en 1821, puis les paysans réalisèrent qu'ils étaient plus nombreux que toute autre catégorie sociale et obtinrent une majorité de sièges à la Diète en 1832, ce qui déboucha sur des réductions d'impôts en milieu rural, une augmentation des taxes de douane sur les importations, ou encore la création de conseils municipaux élus ayant recours à une administration locale.

Une réelle tendance séparatiste apparut en Norvège lorsque la Suède abolit l'accord de libre-échange et traça une frontière entre les deux entités, tout en refusant dans le même temps de nommer un ministre norvégien des affaires étrangères. Lorsqu'en juin 1905, le roi émit un second refus, et ce contre l'avis du parlement, ce dernier vota la dissolution de l'union et décida d'un référendum national, au cours duquel seuls 184 irréductibles Norvégiens votèrent contre la séparation. Le nouveau gouvernement norvégien ainsi choisi proposa la couronne constitutionnelle au prince Charles de Danemark, qui l'accepta et prit le nom d'Håkon VII. Après un demi-millénaire de soumission, la Norvège avait repris sa souveraineté.

Pendant la décennie qui suivit, la Norvège se forgea une réputation progressiste. Les femmes obtinrent le droit de vote en 1913, la Norvège étant alors le deuxième pays au monde à oser l'impensable. Le parlement entérina des mesures d'indemnités maladie, d'inspections du travail, de sécurité des ouvriers, ainsi que la journée de dix heures, véritable coup dur pour les capitalistes. Un réseau ferré fut déployé le long de la côte, avec notamment la ligne Bergen, achevée en 1909. Des usines, bien souvent alimentées par énergie hydroélectrique, furent construites à un rythme effréné, tandis que des explorateurs norvégiens comme Amundsen, premier homme à atteindre le pôle sud, connurent une gloire mondiale. La Norvège vivait là son deuxième âge d'or.

À l'image de ses voisins scandinaves, la Norvège s'efforçait de rester en dehors des crises et des conflits européens, avec succès lors de la Première Guerre mondiale... mais pas lors de la Deuxième. Le pays se trouva pris en étau entre la Grande-Bretagne d'une part, qui n'hésitait pas à lui interdire l'accès à ses propres voies maritimes côtières, ni à bafouer les frontières de ses eaux territoriales, et les Allemands de l'autre, bien décidé à faire main basse sur le minerai de fer norvégien, abondant au nord, afin d'alimenter leurs usines de guerre industrielles. En avril 1940, le IIIe Reich envahit la Norvège, écrasa sa résistance et assura une route terrestre pour le transport du minerai tant convoité. Le gouvernement s'exila à Londres et un régime collaborationniste fut instauré par Vidkun Quisling (leur Maréchal à eux, en quelque sorte). À l'exception de quelques actions d'éclat menées par la résistance, la Norvège demeura néanmoins en périphérie de la guerre, même si 80 % de sa flotte marchande, la quatrième au monde à l'époque, parvint à s'échapper pour rejoindre les rangs de l'Alliance.

À la fin de la guerre, la Norvège reprit sa traditionnelle neutralité et concentra ses efforts en matière de politique étrangère sur les Nations unies, notamment par le biais de Trygve Lie, son tout premier secrétaire général. Mais il était bien difficile de rester neutre alors que la guerre froide frémissait, et en 1949, la Norvège fut l'un des membres fondateurs de l'OTAN, bien qu'elle refusât la présence de troupes étrangères et d'armes nucléaires sur son sol. En 1969, on découvrit le gisement pétrolier d'Ekofisk en mer du Nord, et l'économie nationale fut submergée par des milliards de dollars. Compte tenu du nombre d'habitants, faible en proportion, le niveau de vie norvégien devint l'un des plus élevés au monde. En résumé, depuis la Deuxième Guerre mondiale, la Norvège a amélioré sa qualité de vie, profité des sports d'hiver, hébergé les Jeux olympiques à deux reprises, et s'est transformé en repaire à touristes amateurs de chiens de traîneau (un peu tout le monde, donc).
PortraitSquare
icon_civilization_norway

Spécificités

Dirigeants
icon_leader_hardrada
Harald Hardråde (Konge)
icon_leader_default
Harald Hardråde (Varègue)
Unités spéciales
icon_unit_norwegian_berserker
Berserker
Infrastructure spéciale
icon_building_stave_church
Stavkirke

Géographie et données

Lieu
Europe
Superficie
Environ 385 200 kilomètres carrés
Population
Dernière estimation 5,1 millions
Capitale
Variable (Trondheim, Bergen, et Oslo aujourd'hui)
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Géographie et données

Lieu
Europe
Superficie
Environ 385 200 kilomètres carrés
Population
Dernière estimation 5,1 millions
Capitale
Variable (Trondheim, Bergen, et Oslo aujourd'hui)
Compétence Exclusive

Knarr

Les unités peuvent traverser les cases d'océan une fois la technologie de construction navale découverte. Les unités navales de combat rapproché se soignent lorsqu'elles se situent en territoire neutre. L'embarquement et le débarquement des unités ne consomment pas de PM.

Contexte Historique
Les Vikings norvégiens étaient sans nul doute amateurs de voyage : en l'an 800, ils avaient déjà tour à tour colonisé les Shetland, les Orcades, les îles Féroé, les Hébrides, et d'autres lieux pourtant jugés indésirables par leurs voisins. Aux alentours de l'an 820, ils s'étaient installés sur la côte ouest de l'Irlande, fondant ainsi certaines des plus grandes villes de l'île, comme Dublin. Vers 870, ils découvrirent l'Islande, qu'ils ne tardèrent pas à diviser en 400 parcelles tenues par des chefs de clan. Un siècle plus tard, on retrouve leurs traces au Groenland, peu de temps avant que Leif Erikson ne débarque en Amérique du Nord, bien qu'il n'y restât pas longtemps. Durant tout ce temps, pourtant, la Norvège n'était pas tant un pays unifié qu'une agglomération de royaumes se disputant le contrôle de la région.

Harald Ier, coquettement surnommé "Belle chevelure", amorça le processus de création de la Norvège lorsqu'il anéantit ses rivaux à la bataille de Hafrsfjord en 872 (la date exacte fait débat, la tenue des registres vikings laissant quelque peu à désirer). Mais ce fut Olaf Haraldson, couronné en l'an 1015 sous le nom d'Olaf II, qui fut le premier à régner de fait sur une Norvège unie, même si pendant des siècles, plusieurs seigneurs continuèrent à chercher l'indépendance. Saint Olaf, puisqu'il fut canonisé, convaincu qu'Odin, Thor et le Valhalla n'étaient que des racontars de bonnes femmes, mit tout en œuvre pour évangéliser la nation. Il força les things, des entités politiques locales, à adopter des lois rendant obligatoires l'adoption du christianisme, l'édification d'églises et la destruction des lieux d'adoration païens, et fit de Trondheim la capitale religieuse de la Norvège. En remerciement pour ses efforts, Olaf fut tué au cours de la bataille de Stiklestad, en juillet 1030, mais son travail permit au christianisme de prendre racine dans le pays.

Si Harald Hardråde trouva la mort à Stamford Bridge en 1066, ce qui mit un terme brutal à sa tentative de conquête de l'Angleterre, sa famille continua à régner sur la Norvège jusqu'en 1130, avec la mort de Sigurd Magnusson, dit "le Croisé". Sa succession donna lieu à un siècle de guerres civiles, jusqu'à l'avènement de la dynastie des Sverre, en 1217, avec Håkon IV. Pendant plusieurs générations, le pays connut alors un âge d'or, tant sur le plan politique que culturel, au cours duquel la Norvège annexa l'Islande et le Groenland. En 1266, Magnus VI "le législateur", bien forcé d'admettre qu'il ne pourrait pas défendre ses villages des Hébrides contre les féroces Écossais, préféra leur vendre l'archipel, ainsi que celui de l'Île de Man. Les Shetlands et les Orcades, en 1468, connurent le même destin.

L'époque était à la paix et à la prospérité dans la péninsule scandinave, et les Norvégiens en profitèrent. Les marchands vikings prirent la direction du sud vers le Moyen-Orient, de l'est vers les étendues russes, mais aussi et surtout de l'ouest, avec les îles britanniques, qui raffolaient de leurs matières premières (fourrures, bois de sapin, poisson et minerai). L'agriculture prospérait le long des côtes, tandis que les arts atteignaient des sommets jusqu'alors inaccessibles. En travaillant le bois et le métal dans six styles différents, comme l'Oseberg ou l'Urnes, certains artisans norvégiens se forgèrent aussi une réputation d'artistes. Les constructeurs de navires nordiques conçurent des vaisseaux capables de traverser les océans. Les armures et les armes des forgerons nordiques étaient les meilleures d'Europe, ce qui tenait presque de la bénédiction, car si les royaumes vikings ne se déchiraient plus entre eux, ils s'attaquaient très régulièrement à l'un ou l'autre de leurs voisins. Hélas, tout a une fin, et les beaux jours aussi.

Vers 1350, la peste noire atteignit la péninsule scandinave, exterminant la moitié de sa population en l'espace de quelques années. Moins d'habitants signifiaient mathématiquement moins d'impôts versés à la couronne, qui perdit progressivement de son emprise. Parallèlement, l'Église catholique augmenta la valeur de la dîme, gagnant ainsi en puissance, à tel point que lorsque l'archevêque de Trondheim revendiqua un siège au Conseil d'état, il l'obtint sans résistance. À la fin du XIVe siècle, la Ligue hanséatique prit graduellement le contrôle des voies commerciales norvégiennes. En 1343, elle installa un comptoir commercial à Bergen, et en un demi-siècle à peine, elle y avait son propre quartier et disposait de préférences commerciales auprès des pêcheurs. Bergen demeura d'ailleurs sous la domination de la ligue jusqu'au milieu du XVIe siècle.

Ces difficultés incitèrent les royaumes vikings à s'unifier, sous la houlette de Marguerite Ière, fille du roi du Danemark Valdemar IV. Elle commença par épouser Håkon VI, le roi de Norvège, dont elle eut un fils, Olaf Haakonsson. À la mort de Valdemar, en 1376, Marguerite imposa son fils comme successeur, puis, quatre ans plus tard, à la mort d'Håkon, elle le fit également couronner roi de Norvège sous le nom d'Olaf IV. Un double royaume ne lui suffisant pas, elle jeta ensuite son dévolu sur la Suède, qui n'attendait qu'un signe pour se débarrasser de son roi et rejoindre cette nouvelle union. Ce fut chose faite en 1397, avec la signature de l'Union de Kalmar. Celle-ci regroupait non seulement les trois royaumes, mais également les territoires d'outre-mer norvégiens, ainsi que la Finlande par le biais de la couronne suédoise. Conçue afin de contrecarrer l'influence croissante de la Ligue hanséatique et des princes allemands sur les côtes baltiques, l'Union de Kalmar subsista jusqu'en 1523, date du "Bain de sang de Stockholm" qui déclencha la révolution et vit Gustave Vasa prendre la tête de la Suède "libre".

L'Union de Kalmar fut plutôt une aubaine pour la Norvège, si ce n'est en matière de religion. Si Frédéric Ier, roi de Danemark et de Norvège, était plutôt favorable aux hérésies de Luther, ce n'était pas le cas de son peuple. Le problème ne fit qu'empirer en 1529, lorsque le roi chercha à imposer le protestantisme aux Norvégiens. L'archevêque catholique d'alors, à Trondheim, prit comme de juste la tête de la résistance et invita le roi catholique Christian II à revenir d'exil, lequel fut capturé et emprisonné pour le restant de ses jours. Frédéric mourut, et la guerre civile qui s'ensuivit fut le théâtre de nouvelles révoltes catholiques, toujours sans résultat. Le vainqueur danois et nouveau roi Christian III exila l'archevêque et destitua la Norvège de son statut, l'abaissant à celui de simple province danoise en 1536, ce qui lui permit de lui imposer le luthérianisme dès l'année suivante.

Suite à la Réforme, le climat s'apaisa quelque temps, et les Norvégiens s'habituèrent à cette nouvelle vie. Certes, il arrivait aux Danois, soupe-au-lait, de les envoyer au front de telle ou telle guerre : celle de Kalmar (1611-1613), celle de Trente Ans (1618-1648), ou encore la Première guerre du Nord (1657-1660), lesquelles entraînaient quelques changements de frontières. Mais de manière générale, tout allait bien. La population augmenta de 750 000 habitants en 300 ans, de 1500 à 1800, le système administratif danois fut réformé, et la Norvège divisée en deux comtés. Sous la houlette de rois compétents, la corruption au sein du gouvernement connut un net recul, une performance dans ce pays qui comptait alors 1 600 fonctionnaires désignés par l'état. Malheureusement, et ce surtout pour les Danois, le pays se retrouva embarqué dans le tumulte engendré par Napoléon, et de surcroît du mauvais côté.

Lorsque les conflits prirent fin, la Norvège était devenue une partie de la Suède. Une assemblée nationale norvégienne avait pourtant rempli ses fonctions, en ébauchant la constitution d'une monarchie parlementaire en mai 1814, mais cela n'empêcha pas une invasion suédoise deux mois plus tard. Les conquérants acceptèrent toutefois, par le biais de la convention de Moss, de reconnaître la constitution de la Norvège, sous réserve de la reddition du pays et de sa bonne conduite. Ce fut la naissance de l'union constitutionnelle entre la Suède et la Norvège, le roi suédois Charles XIV Jean étant élu pour porter les deux couronnes. Une mouvance nationaliste et libérale norvégienne s'épanouit, bien aidée par la complaisance de la Suède. En 1816 fut créée la banque centrale de Norvège, et le Speciedaler fut désigné comme monnaie officielle. La vieille aristocratie norvégienne fut démantelée par le parlement en 1821, puis les paysans réalisèrent qu'ils étaient plus nombreux que toute autre catégorie sociale et obtinrent une majorité de sièges à la Diète en 1832, ce qui déboucha sur des réductions d'impôts en milieu rural, une augmentation des taxes de douane sur les importations, ou encore la création de conseils municipaux élus ayant recours à une administration locale.

Une réelle tendance séparatiste apparut en Norvège lorsque la Suède abolit l'accord de libre-échange et traça une frontière entre les deux entités, tout en refusant dans le même temps de nommer un ministre norvégien des affaires étrangères. Lorsqu'en juin 1905, le roi émit un second refus, et ce contre l'avis du parlement, ce dernier vota la dissolution de l'union et décida d'un référendum national, au cours duquel seuls 184 irréductibles Norvégiens votèrent contre la séparation. Le nouveau gouvernement norvégien ainsi choisi proposa la couronne constitutionnelle au prince Charles de Danemark, qui l'accepta et prit le nom d'Håkon VII. Après un demi-millénaire de soumission, la Norvège avait repris sa souveraineté.

Pendant la décennie qui suivit, la Norvège se forgea une réputation progressiste. Les femmes obtinrent le droit de vote en 1913, la Norvège étant alors le deuxième pays au monde à oser l'impensable. Le parlement entérina des mesures d'indemnités maladie, d'inspections du travail, de sécurité des ouvriers, ainsi que la journée de dix heures, véritable coup dur pour les capitalistes. Un réseau ferré fut déployé le long de la côte, avec notamment la ligne Bergen, achevée en 1909. Des usines, bien souvent alimentées par énergie hydroélectrique, furent construites à un rythme effréné, tandis que des explorateurs norvégiens comme Amundsen, premier homme à atteindre le pôle sud, connurent une gloire mondiale. La Norvège vivait là son deuxième âge d'or.

À l'image de ses voisins scandinaves, la Norvège s'efforçait de rester en dehors des crises et des conflits européens, avec succès lors de la Première Guerre mondiale... mais pas lors de la Deuxième. Le pays se trouva pris en étau entre la Grande-Bretagne d'une part, qui n'hésitait pas à lui interdire l'accès à ses propres voies maritimes côtières, ni à bafouer les frontières de ses eaux territoriales, et les Allemands de l'autre, bien décidé à faire main basse sur le minerai de fer norvégien, abondant au nord, afin d'alimenter leurs usines de guerre industrielles. En avril 1940, le IIIe Reich envahit la Norvège, écrasa sa résistance et assura une route terrestre pour le transport du minerai tant convoité. Le gouvernement s'exila à Londres et un régime collaborationniste fut instauré par Vidkun Quisling (leur Maréchal à eux, en quelque sorte). À l'exception de quelques actions d'éclat menées par la résistance, la Norvège demeura néanmoins en périphérie de la guerre, même si 80 % de sa flotte marchande, la quatrième au monde à l'époque, parvint à s'échapper pour rejoindre les rangs de l'Alliance.

À la fin de la guerre, la Norvège reprit sa traditionnelle neutralité et concentra ses efforts en matière de politique étrangère sur les Nations unies, notamment par le biais de Trygve Lie, son tout premier secrétaire général. Mais il était bien difficile de rester neutre alors que la guerre froide frémissait, et en 1949, la Norvège fut l'un des membres fondateurs de l'OTAN, bien qu'elle refusât la présence de troupes étrangères et d'armes nucléaires sur son sol. En 1969, on découvrit le gisement pétrolier d'Ekofisk en mer du Nord, et l'économie nationale fut submergée par des milliards de dollars. Compte tenu du nombre d'habitants, faible en proportion, le niveau de vie norvégien devint l'un des plus élevés au monde. En résumé, depuis la Deuxième Guerre mondiale, la Norvège a amélioré sa qualité de vie, profité des sports d'hiver, hébergé les Jeux olympiques à deux reprises, et s'est transformé en repaire à touristes amateurs de chiens de traîneau (un peu tout le monde, donc).
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