Concepts
Civilisations/Dirigeants
Cités-états
Quartiers
Bâtiments
Merveilles et projets
Unités
Promotions des unités
Personnages illustres
Technologies
Dogmes
Gouvernements et doctrines
Religions
Terrains et caractéristiques
Ressources
Aménagements et routes
Gouverneurs
Moments historiques

Civilisations

Introduction

Allemagne

Amérique

Angleterre

Arabie

Australie

Aztèques

Babylone

Brésil

Byzance

Canada

Chine

Corée

Cris

Écosse

Égypte

Espagne

Éthiopie

France

Gaule

Géorgie

Grande Colombie

Grèce

Hongrie

Incas

Inde

Indonésie

Japon

Kongo

Macédoine

Mali

Maoris

Mapuches

Maya

Mongolie

Norvège

Nubie

Ottomans

Pays-Bas

Perse

Peuple khmer

Phénicie

Pologne

Portugal

Rome

Russie

Scythie

Suède

Sumer

Vietnam

Zoulous

Dirigeants

Brésil
Compétence Exclusive

Amazone

Bonus de proximité +1 pour les campus, plateformes commerciales, lieux saints et places du théâtre adjacents à une forêt tropicale. Attrait +1 sur les cases adjacentes, au lieu de l'habituel -1.

Contexte Historique
Paulo Coelho, le saint-patron du Brésil, écrit de ses compatriotes qu'ils "chevauchent comme des chevaux fougueux vers leur destin, mais sans jamais pouvoir le vivre pleinement". Si les Brésiliens peuvent se targuer de profiter de la septième économie mondiale, d'un véritable melting-pot culturel, du pays au niveau de vie le plus élevé du continent sud-américain et de l'un des plus formidables écosystèmes de la planète, ils sont surtout connus par le reste du monde comme les plus grands fêtards qui soient. Mais vrai ou non, ce préjugé ne s'applique certainement pas à l'histoire du Brésil, qui fut tout sauf un carnaval ; certains chapitres pencheraient même vers le sordide.

Lorsque le pape Alexandre VI décida de diviser le Nouveau monde par le traité de Tordesillas en 1494, une bonne partie de l'Amérique du Sud tomba dans l'escarcelle des Portugais. Ce fut là les seules terres qu'ils retirèrent de cet accord, mais quelles terres ! Elles furent revendiquées par Pedro Álvares Cabral en avril 1500, lorsque la flotte qu'il menait le long des côtes africaines jusqu'au Cap de Bonne-Espérance fut déportée si loin vers l'ouest qu'elle échoua par erreur en Amérique du Sud. À son arrivée, environ 2 000 tribus autochtones, qu'on appela "Indiens", vivaient de manière semi-nomade dans le bassin amazonien, où elles subsistaient de chasse, de pêche, d'agriculture nomade, de guerres tribales et de cannibalisme. Puisqu'il semblait évident que les indigènes n'allaient rien faire de toutes ces richesses et qu'ils n'étaient clairement pas bons chrétiens, les premiers colons portugais arrivèrent en 1532.

La découverte du bois du Brésil, un bois dur et dense, rouge-orangé, très prisé pour la fabrication de teintures et d'archers, éveilla l'intérêt de la couronne. En 1534, le roi Jean III de Portugal encouragea plus de départs de colons, avant de désigner en 1549 un gouverneur général ; le Brésil devint ainsi officiellement une colonie portugaise. Au fil de leurs victoires sur les Français, les Portugais étendirent leurs possessions au nord et au sud, prenant Rio de Janeiro en 1567 et São Luís en 1615. En 1680, ils s'approprièrent les terres attenantes au río de la Plata, région qui devint leur territoire le plus austral. À la même époque, les postes avancés britanniques et néerlandais furent détruits, et les Indiens assimilés, réduits en esclavage ou exterminés, comme ce fut tristement souvent le cas aux Amériques.

La colonisation du Brésil s'avéra une entreprise périlleuse : des dizaines de milliers d'indigènes moururent de maladies apportées par les Européens, et des milliers d'Européens moururent de fièvres tropicales, ce qui n'était finalement que justice. L'intérieur du pays était chaud et humide, couvert principalement de jungles et de marais interrompus seulement par les méandres lourds des rivières, où la moindre égratignure pouvait entraîner une agonie longue et douloureuse. Si on parvenait à échapper aux tirs des colons ennemis et à l'appétit des autochtones, la faune et la flore restaient extrêmement hostiles, venimeuses, vénéneuses ou affamées, des moustiques aux caïmans. On parlait de serpents géants capables de broyer un homme adulte, de poissons dévoreurs de chairs, à condition bien sûr d'avoir survécu à la gangrène. Néanmoins, l'obstination des Portugais les amena toujours plus loin dans les terres, où ils établirent des avant-postes et des plantations le long des fleuves.

À la fin du XVIIe siècle, le Brésil était devenu la plus grande et la plus importante des colonies portugaises. Outre le bois du Brésil, le pays exportait également de la canne à sucre, des teintures et des épices. La demande mondiale pour ces matières premières n'en finissant pas de grimper, les Portugais commencèrent à importer des esclaves depuis l'Afrique afin d'en assurer la production. Le Portugal devint ainsi l'une des principales nations négrières, et les esclaves au Brésil se comptèrent bientôt par centaines de milliers, car après tout, pourquoi risquer sa vie dans la jungle pour trois francs six sous, quand quelqu'un d'autre peut le faire pour vous contraint et forcé ? Au même moment, les chercheurs d'or écumèrent en vain les jungles et les collines, jusqu'à ce qu'on ne découvre de riches dépôts d'or dans la région du Minas Gerais. La ruée sur l'or qui s'ensuivit fut si fructueuse que la capitale de la colonie fut transférée de Salvador de Bahia à Rio de Janeiro en 1763, pour mieux permettre au gouvernement de tailler sa part des profits.

Le long de la côte, des cités portuaires comme Rio, Recife, Maceió et Fortaleza se développèrent pour exporter toutes ces richesses. Ces villes devinrent les centres culturels de la colonie, avec leurs églises, leurs écoles, leurs théâtres, leurs tavernes, leurs lupanars, leurs œuvres de charité et tous les autres atours de la civilisation. Le cœur empli d'espoir, les gens débarquèrent en masse du Portugal, parmi lesquels, en 1808, la famille royale et le gouvernement du Portugal, avec à leur tête Maria Ière, dite "la Folle", fuyant leur pays suite à son invasion par Napoléon. Le pouvoir était alors déjà entre les mains de Jean, prince régent et fils de Marie, jugée inapte à ses fonctions pour cause de "maladie mentale", et il établit la capitale portugaise à Rio, depuis laquelle il régna sur son illusion d'empire.

Il fonda alors tous les ministères nécessaires à une capitale souveraine, ainsi qu'une bibliothèque royale, une école militaire, un hôtel de la monnaie, une imprimerie royale, et des facultés de médecine et de droit. En 1815, Jean fit du Brésil un royaume, d'importance égale à celui du Portugal au sein de son empire. Même après le retrait des Français de son pays, il insista pour rester à Rio, mais dût finalement se résoudre à rentrer en Europe pour étouffer de violentes révoltes. À son départ, en avril 1821, il nomma son fils Pierre régent et lui demanda de rester sur place. Les ministres de Pierre, pour la plupart nés au Brésil, précipitèrent l'indépendance suite au départ de l'armée, et celle-ci fut proclamée en septembre 1822 par le jeune régent, immédiatement couronné Empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier. En 1825, le gouvernement portugais, impuissant, se vit bien obligé de reconnaître à contrecœur la souveraineté du Brésil, bientôt suivi par tous les autres monarques européens.

Pierre Ier du Brésil s'assura d'abord que son pays était épargné par la discorde et les révolutions, qui gangrenaient ses turbulents voisins. Pour ce faire, il établit lui-même une nouvelle constitution, plutôt libérale et moderne pour l'époque. Mais les affaires avec le Portugal se faisant de plus en plus compliquées, en 1831, Pierre abdiqua en faveur de son fils, alors âgé de cinq ans, et rentra dans son pays natal afin d'en revendiquer le trône. Afin de remplir le vide laissé par son départ, le fils de Pierre fut déclaré majeur à 14 ans et couronné dans l'année sous le nom très original de Pierre II. Ce nouvel empereur connut plus de cinquante années d'un règne éclairé et progressiste, au cours duquel le Brésil vécut un âge d'or dans tous les domaines : politiquement, économiquement, mais aussi sur les plans de l'industrie, de la société et de la culture. Le pays rivalisait alors de raffinement avec l'Europe. Sous Pierre II, le Brésil gagna trois guerres, se forgea une solide réputation à l'international, se modernisa, réforma ses systèmes juridique et monétaire, encouragea la diversité des cultures agricoles et abolit l'esclavage, ce dernier point recevant une adhésion mitigée de la part de l'aristocratie. Pierre II, vieillissant, se trouvait de plus en plus éloigné de la nouvelle classe moyenne urbaine et des mouvements estudiantins que ses idéaux et ses politiques avaient fait naître. Toujours aimé de son peuple, il fut malgré tout renversé sans effusion de sang par le coup d'état de novembre 1889, suite auquel il fut remplacé par une éphémère république. Éternel patriote, à son départ en exil, Pierre II exprima ses "plus ardents vœux de grandeur et de prospérité pour le Brésil".

Au cours du siècle qui suivit, le Brésil fut gouverné par une série de dictateurs et de juntes militaires, avec quelques brèves tentatives de démocratie, généralement mises à mal par quelque ambitieux général. En 1894, alors que le pays était en paix, le général Peixoto laissa à contrecœur ses fonctions de président au premier civil à jamais occuper ce poste, Prudente de Morais. Ce dernier avait été gouverneur de l'état de Saõ Paulo, grande région productrice de café, et sa présidence marqua l'ascension au pouvoir de riches "présidents du café". Ces présidents, à l'origine de riches propriétaires terriens issus des états de Saõ Paulo et du Minas Gerais, réformèrent l'économie, modernisèrent les infrastructures de la nation, maintinrent la paix et protégèrent le pays grâce à une politique quasi-isolationniste. Ils laissèrent de fait peu de place à une réelle démocratie, car seule la minorité de propriétaires terriens avaient le droit de vote. Les élections truquées étaient monnaie courante, et les potentats locaux géraient leurs affaires en toute impunité tant qu'ils soutenaient le pouvoir en place.

Deux choses mirent un terme à cette période des "présidents du café". Tout d'abord, le cours du café s'effondra pendant la grande dépression des années 1930, et il devint difficile, sans argent, d'acheter des voix pour se faire élire. Ensuite, un mouvement de jeunes officiers, les "tenentes", gagna en influence. Populistes, les tenentes ne promouvaient pas la démocratie, mais la réforme et le progrès. Ils croyaient dur comme fer que seule l'armée pouvait mener la nation dans l'ère moderne. Ainsi, ces jeunes officiers projetèrent de démettre les politiciens civils de leurs fonctions, d'étendre le pouvoir du gouvernement fédéral, de moderniser l'armée et d'éradiquer le pouvoir des régions à l'aide d'un puissant gouvernement centralisé. C'est dans cette atmosphère de crise économique et de troubles généralisés que Getúlio Vargas, candidat malheureux à la présidence, s'arrogea le pouvoir avec le soutien des tenentes.

Si Vargas était simplement censé assurer l'intérim pendant la durée de la crise économique, il en profita pour dissoudre le congrès, annuler la constitution et mettre ses sympathisants, officiers pour la plupart, à la tête des états, remplaçant ainsi les gouverneurs en place. À la suite des tentatives de coup d'état communiste (1935) et fasciste (1938), le régime de Vargas vira à la dictature, et resta dans les annales pour sa brutalité et sa censure des médias. En 1964, un autre coup d'état finit tout de même par renverser le gouvernement. Si les méthodes de la nouvelle junte étaient dures, celle-ci était tout de même moins violente que d'autres ailleurs sur le continent. De plus, elle promouvait le capitalisme, la modernisation, ainsi que les accords internationaux, ce qui la rendit populaire parmi les classes inférieures et moyennes, même au cours des années de disparitions politiques, de torture et d'exécutions arbitraires. Le général Ernesto Geisel devint président en 1974 et lança, à la surprise générale, une politique de retour à la démocratie lent, graduel et sûr. Au fil des ans, il mit fin à la torture des prisonniers politiques, à la censure, puis à la junte elle-même. Son successeur continua le processus, et en 1985, les premières élections libres permirent à José Sarney d'accéder à la présidence, lorsque des problèmes de santé suffisamment graves pour entraîner sa mort empêchèrent Tancredo Neves d'être investi dans ses fonctions.
PortraitSquare
icon_civilization_brazil

Spécificités

Dirigeants
icon_leader_pedro
Pierre II du Brésil
Unités spéciales
icon_unit_brazilian_minas_geraes
Minas Geraes
Infrastructure spéciale
icon_district_street_carnival
Carnaval de rue
icon_civilization_unknown
Copacabana

Géographie et données

Lieu
Amérique du Sud
Superficie
Environ 8,5 millions de kilomètres carrés
Population
Environ 193 millions
Capitale
Variable (Salvador, Rio de Janeiro, actuellement Brasilia)
PortraitSquare
icon_civilization_brazil

Spécificités

Dirigeants
icon_leader_pedro
Pierre II du Brésil
Unités spéciales
icon_unit_brazilian_minas_geraes
Minas Geraes
Infrastructure spéciale
icon_district_street_carnival
Carnaval de rue
icon_civilization_unknown
Copacabana

Géographie et données

Lieu
Amérique du Sud
Superficie
Environ 8,5 millions de kilomètres carrés
Population
Environ 193 millions
Capitale
Variable (Salvador, Rio de Janeiro, actuellement Brasilia)
Compétence Exclusive

Amazone

Bonus de proximité +1 pour les campus, plateformes commerciales, lieux saints et places du théâtre adjacents à une forêt tropicale. Attrait +1 sur les cases adjacentes, au lieu de l'habituel -1.

Contexte Historique
Paulo Coelho, le saint-patron du Brésil, écrit de ses compatriotes qu'ils "chevauchent comme des chevaux fougueux vers leur destin, mais sans jamais pouvoir le vivre pleinement". Si les Brésiliens peuvent se targuer de profiter de la septième économie mondiale, d'un véritable melting-pot culturel, du pays au niveau de vie le plus élevé du continent sud-américain et de l'un des plus formidables écosystèmes de la planète, ils sont surtout connus par le reste du monde comme les plus grands fêtards qui soient. Mais vrai ou non, ce préjugé ne s'applique certainement pas à l'histoire du Brésil, qui fut tout sauf un carnaval ; certains chapitres pencheraient même vers le sordide.

Lorsque le pape Alexandre VI décida de diviser le Nouveau monde par le traité de Tordesillas en 1494, une bonne partie de l'Amérique du Sud tomba dans l'escarcelle des Portugais. Ce fut là les seules terres qu'ils retirèrent de cet accord, mais quelles terres ! Elles furent revendiquées par Pedro Álvares Cabral en avril 1500, lorsque la flotte qu'il menait le long des côtes africaines jusqu'au Cap de Bonne-Espérance fut déportée si loin vers l'ouest qu'elle échoua par erreur en Amérique du Sud. À son arrivée, environ 2 000 tribus autochtones, qu'on appela "Indiens", vivaient de manière semi-nomade dans le bassin amazonien, où elles subsistaient de chasse, de pêche, d'agriculture nomade, de guerres tribales et de cannibalisme. Puisqu'il semblait évident que les indigènes n'allaient rien faire de toutes ces richesses et qu'ils n'étaient clairement pas bons chrétiens, les premiers colons portugais arrivèrent en 1532.

La découverte du bois du Brésil, un bois dur et dense, rouge-orangé, très prisé pour la fabrication de teintures et d'archers, éveilla l'intérêt de la couronne. En 1534, le roi Jean III de Portugal encouragea plus de départs de colons, avant de désigner en 1549 un gouverneur général ; le Brésil devint ainsi officiellement une colonie portugaise. Au fil de leurs victoires sur les Français, les Portugais étendirent leurs possessions au nord et au sud, prenant Rio de Janeiro en 1567 et São Luís en 1615. En 1680, ils s'approprièrent les terres attenantes au río de la Plata, région qui devint leur territoire le plus austral. À la même époque, les postes avancés britanniques et néerlandais furent détruits, et les Indiens assimilés, réduits en esclavage ou exterminés, comme ce fut tristement souvent le cas aux Amériques.

La colonisation du Brésil s'avéra une entreprise périlleuse : des dizaines de milliers d'indigènes moururent de maladies apportées par les Européens, et des milliers d'Européens moururent de fièvres tropicales, ce qui n'était finalement que justice. L'intérieur du pays était chaud et humide, couvert principalement de jungles et de marais interrompus seulement par les méandres lourds des rivières, où la moindre égratignure pouvait entraîner une agonie longue et douloureuse. Si on parvenait à échapper aux tirs des colons ennemis et à l'appétit des autochtones, la faune et la flore restaient extrêmement hostiles, venimeuses, vénéneuses ou affamées, des moustiques aux caïmans. On parlait de serpents géants capables de broyer un homme adulte, de poissons dévoreurs de chairs, à condition bien sûr d'avoir survécu à la gangrène. Néanmoins, l'obstination des Portugais les amena toujours plus loin dans les terres, où ils établirent des avant-postes et des plantations le long des fleuves.

À la fin du XVIIe siècle, le Brésil était devenu la plus grande et la plus importante des colonies portugaises. Outre le bois du Brésil, le pays exportait également de la canne à sucre, des teintures et des épices. La demande mondiale pour ces matières premières n'en finissant pas de grimper, les Portugais commencèrent à importer des esclaves depuis l'Afrique afin d'en assurer la production. Le Portugal devint ainsi l'une des principales nations négrières, et les esclaves au Brésil se comptèrent bientôt par centaines de milliers, car après tout, pourquoi risquer sa vie dans la jungle pour trois francs six sous, quand quelqu'un d'autre peut le faire pour vous contraint et forcé ? Au même moment, les chercheurs d'or écumèrent en vain les jungles et les collines, jusqu'à ce qu'on ne découvre de riches dépôts d'or dans la région du Minas Gerais. La ruée sur l'or qui s'ensuivit fut si fructueuse que la capitale de la colonie fut transférée de Salvador de Bahia à Rio de Janeiro en 1763, pour mieux permettre au gouvernement de tailler sa part des profits.

Le long de la côte, des cités portuaires comme Rio, Recife, Maceió et Fortaleza se développèrent pour exporter toutes ces richesses. Ces villes devinrent les centres culturels de la colonie, avec leurs églises, leurs écoles, leurs théâtres, leurs tavernes, leurs lupanars, leurs œuvres de charité et tous les autres atours de la civilisation. Le cœur empli d'espoir, les gens débarquèrent en masse du Portugal, parmi lesquels, en 1808, la famille royale et le gouvernement du Portugal, avec à leur tête Maria Ière, dite "la Folle", fuyant leur pays suite à son invasion par Napoléon. Le pouvoir était alors déjà entre les mains de Jean, prince régent et fils de Marie, jugée inapte à ses fonctions pour cause de "maladie mentale", et il établit la capitale portugaise à Rio, depuis laquelle il régna sur son illusion d'empire.

Il fonda alors tous les ministères nécessaires à une capitale souveraine, ainsi qu'une bibliothèque royale, une école militaire, un hôtel de la monnaie, une imprimerie royale, et des facultés de médecine et de droit. En 1815, Jean fit du Brésil un royaume, d'importance égale à celui du Portugal au sein de son empire. Même après le retrait des Français de son pays, il insista pour rester à Rio, mais dût finalement se résoudre à rentrer en Europe pour étouffer de violentes révoltes. À son départ, en avril 1821, il nomma son fils Pierre régent et lui demanda de rester sur place. Les ministres de Pierre, pour la plupart nés au Brésil, précipitèrent l'indépendance suite au départ de l'armée, et celle-ci fut proclamée en septembre 1822 par le jeune régent, immédiatement couronné Empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier. En 1825, le gouvernement portugais, impuissant, se vit bien obligé de reconnaître à contrecœur la souveraineté du Brésil, bientôt suivi par tous les autres monarques européens.

Pierre Ier du Brésil s'assura d'abord que son pays était épargné par la discorde et les révolutions, qui gangrenaient ses turbulents voisins. Pour ce faire, il établit lui-même une nouvelle constitution, plutôt libérale et moderne pour l'époque. Mais les affaires avec le Portugal se faisant de plus en plus compliquées, en 1831, Pierre abdiqua en faveur de son fils, alors âgé de cinq ans, et rentra dans son pays natal afin d'en revendiquer le trône. Afin de remplir le vide laissé par son départ, le fils de Pierre fut déclaré majeur à 14 ans et couronné dans l'année sous le nom très original de Pierre II. Ce nouvel empereur connut plus de cinquante années d'un règne éclairé et progressiste, au cours duquel le Brésil vécut un âge d'or dans tous les domaines : politiquement, économiquement, mais aussi sur les plans de l'industrie, de la société et de la culture. Le pays rivalisait alors de raffinement avec l'Europe. Sous Pierre II, le Brésil gagna trois guerres, se forgea une solide réputation à l'international, se modernisa, réforma ses systèmes juridique et monétaire, encouragea la diversité des cultures agricoles et abolit l'esclavage, ce dernier point recevant une adhésion mitigée de la part de l'aristocratie. Pierre II, vieillissant, se trouvait de plus en plus éloigné de la nouvelle classe moyenne urbaine et des mouvements estudiantins que ses idéaux et ses politiques avaient fait naître. Toujours aimé de son peuple, il fut malgré tout renversé sans effusion de sang par le coup d'état de novembre 1889, suite auquel il fut remplacé par une éphémère république. Éternel patriote, à son départ en exil, Pierre II exprima ses "plus ardents vœux de grandeur et de prospérité pour le Brésil".

Au cours du siècle qui suivit, le Brésil fut gouverné par une série de dictateurs et de juntes militaires, avec quelques brèves tentatives de démocratie, généralement mises à mal par quelque ambitieux général. En 1894, alors que le pays était en paix, le général Peixoto laissa à contrecœur ses fonctions de président au premier civil à jamais occuper ce poste, Prudente de Morais. Ce dernier avait été gouverneur de l'état de Saõ Paulo, grande région productrice de café, et sa présidence marqua l'ascension au pouvoir de riches "présidents du café". Ces présidents, à l'origine de riches propriétaires terriens issus des états de Saõ Paulo et du Minas Gerais, réformèrent l'économie, modernisèrent les infrastructures de la nation, maintinrent la paix et protégèrent le pays grâce à une politique quasi-isolationniste. Ils laissèrent de fait peu de place à une réelle démocratie, car seule la minorité de propriétaires terriens avaient le droit de vote. Les élections truquées étaient monnaie courante, et les potentats locaux géraient leurs affaires en toute impunité tant qu'ils soutenaient le pouvoir en place.

Deux choses mirent un terme à cette période des "présidents du café". Tout d'abord, le cours du café s'effondra pendant la grande dépression des années 1930, et il devint difficile, sans argent, d'acheter des voix pour se faire élire. Ensuite, un mouvement de jeunes officiers, les "tenentes", gagna en influence. Populistes, les tenentes ne promouvaient pas la démocratie, mais la réforme et le progrès. Ils croyaient dur comme fer que seule l'armée pouvait mener la nation dans l'ère moderne. Ainsi, ces jeunes officiers projetèrent de démettre les politiciens civils de leurs fonctions, d'étendre le pouvoir du gouvernement fédéral, de moderniser l'armée et d'éradiquer le pouvoir des régions à l'aide d'un puissant gouvernement centralisé. C'est dans cette atmosphère de crise économique et de troubles généralisés que Getúlio Vargas, candidat malheureux à la présidence, s'arrogea le pouvoir avec le soutien des tenentes.

Si Vargas était simplement censé assurer l'intérim pendant la durée de la crise économique, il en profita pour dissoudre le congrès, annuler la constitution et mettre ses sympathisants, officiers pour la plupart, à la tête des états, remplaçant ainsi les gouverneurs en place. À la suite des tentatives de coup d'état communiste (1935) et fasciste (1938), le régime de Vargas vira à la dictature, et resta dans les annales pour sa brutalité et sa censure des médias. En 1964, un autre coup d'état finit tout de même par renverser le gouvernement. Si les méthodes de la nouvelle junte étaient dures, celle-ci était tout de même moins violente que d'autres ailleurs sur le continent. De plus, elle promouvait le capitalisme, la modernisation, ainsi que les accords internationaux, ce qui la rendit populaire parmi les classes inférieures et moyennes, même au cours des années de disparitions politiques, de torture et d'exécutions arbitraires. Le général Ernesto Geisel devint président en 1974 et lança, à la surprise générale, une politique de retour à la démocratie lent, graduel et sûr. Au fil des ans, il mit fin à la torture des prisonniers politiques, à la censure, puis à la junte elle-même. Son successeur continua le processus, et en 1985, les premières élections libres permirent à José Sarney d'accéder à la présidence, lorsque des problèmes de santé suffisamment graves pour entraîner sa mort empêchèrent Tancredo Neves d'être investi dans ses fonctions.
Langue
Choisir des règles
Get it on App StoreGet it on Google Play
CopyrightPolitique de confidentialité