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Dirigeants

Allemagne
Compétence Exclusive

Villes libres de l'Empire

Chaque ville peut construire un quartier de plus, au-delà du seuil imposé par la population.

Contexte Historique
L'Allemagne telle que nous la connaissons aujourd'hui ne vit le jour qu'en 1870, quand Bismarck sut convaincre les différents territoires que le bien-être général était plus important que le bien-être individuel. Avant cela, c'est Jules César le premier qui employa le terme de "Germanie" pour décrire ces terres barbares qui faisaient face à la "paisible" Gaule, de l'autre côté du Rhin. D'un point de vue strictement géographique, la Germanie d'antan s'étendait du Rhin jusqu'à la Vistule, et de la Baltique jusqu'au Danube. Comme César le souligna lui-même, les Gaulois avaient beau être des guerriers, il restait possible de les civiliser ; les Teutons, en revanche, étaient bien trop sauvages et rustres pour mériter autre chose que la conquête, et pendant un temps, l'avenir lui donna raison : à la chute de l'Empire romain, ces tribus grossières devinrent des "gentes et des royaumes distincts et indépendants". Ces territoires n'avaient pourtant strictement rien en commun, si ce n'est la langue (et encore !), certaines coutumes et un goût héréditaire pour la violence.

C'est à Charlemagne, couronné empereur par le pape Léon III en décembre 800, que revint la tâche d'unifier tous ces territoires, bien que brièvement. Leur destin fut par la suite scellé lorsque le duc de Saxe fut sacré Rex Teutonicorum ("roi des Germains") en 936, avant d'être proclamé empereur par le pape Jean XII en 962, en vertu du principe de translatio imperii. La même année, au terme de nombreuses discussions, Otton Ier et Jean XII signèrent le Privilegium Ottonianum, un document reconnaissant le pape comme chef spirituel de l'Église catholique, avec l'empereur pour protecteur laïque, de manière à ce que les prélats ne puissent plus interpréter les textes sacrés à leur façon. Pour le reste, Otton Ier passa sa vie à essayer d'apaiser les puissants duchés autonomes et électeurs de son empire, à savoir la Franconie, la Bavière, la Lotharingie, la Saxe et la Souabe, à combattre les Français, les Magyars, les Italiens et les Slaves, et à étouffer des rébellions.

La succession des empereurs à la suite d'Otton se fit dans un chaos royal, rien ne semblant jamais définitif. Les rois étaient désignés par sept princes-électeurs (trois princes-archevêques et quatre électeurs laïques), tel que stipulé dans la Bulle d'or de 1356. Car oui, il fallut pas moins de 400 ans aux Allemands pour trouver un accord, et jusqu'à cette date, les élections du Rex Teutonicorum tenaient plus d'une forme courtoise d'anarchie. Suite à la guerre de Trente Ans, un nouvel électeur fut ajouté afin de garantir l'équilibre entre protestants et catholiques. En 1692, un autre fit son apparition, pour cette fois éviter la survenue de blocages intempestifs. La structure constitutionnelle de l'électorat fut ensuite révisée en 1803, peu avant que Napoléon ne vienne définitivement régler le problème. À cette époque, une fois le Rex élu, le sacre de l'empereur n'était plus qu'une simple formalité, aux mains de quiconque se trouvait sur la chaire de saint Pierre à ce moment-là.

Une longue lignée de rois-empereurs fit suite à Otton Ier, dit le Grand : dynastie ottonienne, salienne, de Hohenstaufen, de Welf, de Luxembourg, de Wittelsbach, et pléthore d'habsbourgeois, tous se refusant obstinément à baisser les bras. Certains furent puissants et glorieux, comme Henri IV ou Frédéric Barberousse ; d'autres vénaux et vaniteux, comme Otton IV ou Louis IV. Qu'importaient leurs capacités ou leur politique, chacun d'eux dut apprendre à gérer ces centaines de petits royaumes, tous affamés de "pouvoir" et de privilèges.

Bien entendu, ce mélange était loin d'être stable. Vers 1040, la Franconie se scinda en des entités plus petites encore : la cité-état de Francfort, les villes libres d'Empire de Mayence, Spire et Worms, et le landgraviat de Hesse, entre autres. Dans les années 1200, les Chevaliers teutoniques s'approprièrent un bout de Prusse à l'est, tandis que des nobles allemands pétris d'ambition arrachèrent la Bohême, la Silésie et la Poméranie aux mains des Slaves.

Pour autant, l'Empire était à l'époque plutôt paisible, et surtout prospère. Cette richesse s'expliquait en partie par l'ascension de la Ligue hanséatique, une alliance entre des ports et des corporations financières qui dominait le commerce de la Baltique et la mer du Nord. Bois, fourrure, céréales, minerais et poisson affluaient vers l'ouest, tandis que produits travaillés partaient vers l'est. Basée dans la ville libre d'Empire de Lübeck et fermement implantée dans des villes comme Cologne, Brême et Hambourg, la Ligue possédait des entrepôts et des bureaux dans des ports aussi éloignés que Londres et Novgorod, et prospéra du XIIIe au XVIe siècle. Le niveau de vie des peuples germaniques était le plus élevé d'Europe durant cette période, et leur nombre ne cessait de croître : en 1500, malgré les guerres et les épidémies, cinq à six millions de personnes vivaient sur ces territoires, parmi lesquels nombre d'artisans et de commerçants, désormais organisés en guildes et intégrant parfois, folie ultime, des femmes.

Dans le même temps, la croissance des villes et l'afflux d'argent eurent un effet secondaire inattendu : le développement des arts. Au XIIe siècle, l'abbesse Hildegarde de Bingen rédigea des textes médicaux et théologiques d'influence, ainsi que des poèmes liturgiques, des chansons et la plus vieille moralité connue en Europe. Un siècle plus tard, Walther von der Vogelweide s'affirma comme la référence absolue de l'époque en matière de poésie lyrique. Quelques temps après, un bricoleur de génie du nom de Johannes Gutenberg, originaire de Mayence, inventa les caractères métalliques mobiles, et du même fait, l'imprimerie. Une fois qu'à son tour, le petit peuple sut lire, et ainsi comprendre les déclarations de ses dirigeants, l'Histoire prit un nouveau tournant. Quand bien même il fallut attendre deux siècles pour que l'alphabétisation se généralise en Allemagne, celle-ci mena à des événements aussi fondamentaux que la Réforme protestante, la Renaissance nordique et la révolution scientifique.

C'est donc en douceur que l'Allemagne se développait, jusqu'à ce qu'un fauteur de troubles du nom de Martin Luther ne décide de traduire la Bible dans un langage plus courant, puisque l'imprimerie permettait désormais de la diffuser à grande échelle. Dans la foulée, Martin Luther placarda ses "95 thèses sur la puissance des indulgences" sur la porte de l'église de Wittemberg en octobre 1517. Sa théologie "protestante" entraîna bientôt la guerre des Paysans allemands, qui restera le soulèvement populaire le plus important d'Europe jusqu'à la Révolution française, puis la guerre de Trente Ans, plus sanglante encore, suite à l'effondrement de la paix d'Augsbourg de 1555 qui légitimait la foi luthérienne et obligeait les régions à adopter la même religion que leur prince. De 1618 à 1648, les armées et mercenaires de la Sainte Ligue catholique et de l'Union protestante massacrèrent violemment les "non-croyants", réduisant ainsi, selon les estimations, la population de 20 % à 38 % avant que la fièvre religieuse ne retombe.

Paradoxalement, la personnalité imposante de Martin Luther figure dans les annales de la Renaissance allemande, aux côtés d'artistes comme Albrecht Dürer, d'intellectuels comme Johannes Reuchlin, de musiciens comme Johann Pachelbel, ou encore de nombreux architectes, à l'image d'Elias Holl et de Hans Krumpper. Certains scientifiques allemands eurent quant à eux une influence plus grande encore sur notre civilisation au cours des XVIIe et XVIIIe siècles ; ils furent ainsi les premiers à poser les fondements de la découverte, de la compréhension et du détournement des sciences, ce qui peut notamment expliquer pourquoi le plus célèbre des scientifiques, quoique fictif, soit un certain Dr Frankenstein, de l'université d'Ingolstadt. Johannes Kepler, originaire de la région de Stuttgart, révolutionna l'astronomie. Gottfried Wilhelm Leibniz, génie universel, révolutionna le calcul et fonda l'Académie royale des sciences de Prusse, en 1700. Le fameux philosophe Emmanuel Kant chercha une explication scientifique à l'éthique. Les travaux de l'astronome Maria Winkelmann, de Saxe, et de la naturaliste Maria Sibylla Merian, de Francfort, permirent à d'autres scientifiques allemandes de se faire un nom. Et évidemment, grâce au développement de l'imprimerie, il était plus facile que jamais d'embrouiller les esprits influençables.

Alors pourtant que les artistes et scientifiques allemands inspiraient la civilisation, le Saint-Empire romain germanique vacillait. À cette période de l'histoire, une loi allait enterrer la féodalité européenne, tandis que la bourgeoisie commençait son ascension. De nouvelles dynasties, plus dynamiques, émergeaient dans de nombreux royaumes germaniques : la maison de Hohenzollern dans le Brandebourg-Prusse, la maison de Wittelsbach en Bavière, les Welf dans la Saxe, la maison de Hesse en (surprise !) Hesse, pour n'en citer que quelques-unes. Elles finirent pourtant toutes par s'effacer au profit d'une seule : la maison de Habsbourg, ayant produit tous les rois allemands depuis le XVe siècle, et de fait tous les empereurs romains germaniques, bien qu'étant d'origines autrichiennes. Même lorsque la lignée principale s'éteignit et que Charles VII de Bavière devint brièvement empereur, entre 1742 et 1745, la maison d'Habsbourg-Lorraine ne tarda pas à revenir s'emparer du trône. Cependant, la notion de réforme commençait à émerger, et l'Empereur finit par y répondre, bien que tardivement.

Lorsque Frédéric III demanda aux princes allemands de l'aider à financer ses guerres et d'élire son fils, Maximilien Ier, au rang de roi des Allemands, ceux-ci répondirent en exigeant un rôle plus actif dans les prises de décision. Désireux d'apaiser la situation, déjà complexe, l'Empereur proposa au cours d'une diète d'Empire la création d'une coalition regroupant les villes et la noblesse ; ainsi naquit la grande ligue de Souabe, en 1488. Quelques années plus tard, en 1495, son fils fut à l'origine de la convocation de la diète de Worms, au cours de laquelle les princes et lui s'accordèrent sur les quatre premières propositions de loi, connues sous le nom de Réforme impériale. Celles-ci donnaient à l'Empire, alors en pleine désintégration, un cadre indispensable, grâce notamment à la "Paix éternelle", qui interdisait les querelles au sein de la noblesse germanique, et à "l'impôt d'Empire", une taxe destinée à soutenir les nouvelles infrastructures. Les diètes continuèrent par la suite, créant toujours plus de lois, de réformes... et d'impôts.

Au milieu du XVIIIe siècle, il finit par sembler évident que plus rien ne pourrait maintenir l'unité du royaume allemand et du Saint-Empire romain germanique. Entretenant déjà leurs propres armées et corps diplomatiques, les différents souverains prirent pour habitude de les employer indépendamment des envies du "roi". Suite aux guerres de Silésie et à la guerre de Sept Ans, l'Europe en vint à considérer la Prusse comme une "grande puissance", menée par un "absolutisme éclairé". En Bavière et dans le Wurtemberg, les dirigeants dépensèrent des fortunes pour leurs palais, leurs maîtresses et les arts. Les landgraves de Hesse-Cassel et d'Hanovre décidèrent de gagner de l'argent en louant leurs soldats d'élite en qualité de mercenaires. Quant aux ducs d'Hanovre, ils finirent par devenir rois d'Angleterre et à dire définitivement adieu à leur pays d'origine ; George III, né à Londres et roi d'Angleterre durant la Révolution américaine, ne mit jamais les pieds à Hanovre.

La Révolution française et les guerres napoléoniennes qui suivirent mirent fin à toute illusion d'unité. La menace accéléra dans un premier lieu la médiatisation allemande, terme par lequel on désigne l'annexion des terres d'une monarchie à celles d'un voisin, en laissant toutefois des droits préalablement négociés au souverain ainsi absorbé, mais aussi la sécularisation de l'Empire, c'est-à-dire l'appropriation par la noblesse des dernières terres ecclésiastiques. À compter de 1792, la France révolutionnaire fut en guerre contre la plupart des états germaniques, mais jamais tous en même temps. Le royaume allemand et le Saint-Empire romain germanique furent officiellement dissous par Napoléon lorsque François II d'Autriche abdiqua au début de l'année 1806, suite à la victoire de la France à Austerlitz. Napoléon réorganisa la majeure partie de l'ancien royaume allemand pour former la Confédération du Rhin, qui fut à son tour remplacée par la Confédération germanique en 1815.
PortraitSquare
icon_civilization_germany

Spécificités

Dirigeants
icon_leader_barbarossa
Frédéric Barberousse
icon_leader_default
Louis II
Unités spéciales
icon_unit_german_uboat
U-Boot
Infrastructure spéciale
icon_district_hansa
Hanse

Géographie et données

Lieu
Europe
Superficie
Environ 1 million de kilomètres carrés en 1050
Population
Environ 26,3 millions (en 1780)
Capitale
Berlin aujourd'hui
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Spécificités

Dirigeants
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Frédéric Barberousse
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Louis II
Unités spéciales
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U-Boot
Infrastructure spéciale
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Hanse

Géographie et données

Lieu
Europe
Superficie
Environ 1 million de kilomètres carrés en 1050
Population
Environ 26,3 millions (en 1780)
Capitale
Berlin aujourd'hui
Compétence Exclusive

Villes libres de l'Empire

Chaque ville peut construire un quartier de plus, au-delà du seuil imposé par la population.

Contexte Historique
L'Allemagne telle que nous la connaissons aujourd'hui ne vit le jour qu'en 1870, quand Bismarck sut convaincre les différents territoires que le bien-être général était plus important que le bien-être individuel. Avant cela, c'est Jules César le premier qui employa le terme de "Germanie" pour décrire ces terres barbares qui faisaient face à la "paisible" Gaule, de l'autre côté du Rhin. D'un point de vue strictement géographique, la Germanie d'antan s'étendait du Rhin jusqu'à la Vistule, et de la Baltique jusqu'au Danube. Comme César le souligna lui-même, les Gaulois avaient beau être des guerriers, il restait possible de les civiliser ; les Teutons, en revanche, étaient bien trop sauvages et rustres pour mériter autre chose que la conquête, et pendant un temps, l'avenir lui donna raison : à la chute de l'Empire romain, ces tribus grossières devinrent des "gentes et des royaumes distincts et indépendants". Ces territoires n'avaient pourtant strictement rien en commun, si ce n'est la langue (et encore !), certaines coutumes et un goût héréditaire pour la violence.

C'est à Charlemagne, couronné empereur par le pape Léon III en décembre 800, que revint la tâche d'unifier tous ces territoires, bien que brièvement. Leur destin fut par la suite scellé lorsque le duc de Saxe fut sacré Rex Teutonicorum ("roi des Germains") en 936, avant d'être proclamé empereur par le pape Jean XII en 962, en vertu du principe de translatio imperii. La même année, au terme de nombreuses discussions, Otton Ier et Jean XII signèrent le Privilegium Ottonianum, un document reconnaissant le pape comme chef spirituel de l'Église catholique, avec l'empereur pour protecteur laïque, de manière à ce que les prélats ne puissent plus interpréter les textes sacrés à leur façon. Pour le reste, Otton Ier passa sa vie à essayer d'apaiser les puissants duchés autonomes et électeurs de son empire, à savoir la Franconie, la Bavière, la Lotharingie, la Saxe et la Souabe, à combattre les Français, les Magyars, les Italiens et les Slaves, et à étouffer des rébellions.

La succession des empereurs à la suite d'Otton se fit dans un chaos royal, rien ne semblant jamais définitif. Les rois étaient désignés par sept princes-électeurs (trois princes-archevêques et quatre électeurs laïques), tel que stipulé dans la Bulle d'or de 1356. Car oui, il fallut pas moins de 400 ans aux Allemands pour trouver un accord, et jusqu'à cette date, les élections du Rex Teutonicorum tenaient plus d'une forme courtoise d'anarchie. Suite à la guerre de Trente Ans, un nouvel électeur fut ajouté afin de garantir l'équilibre entre protestants et catholiques. En 1692, un autre fit son apparition, pour cette fois éviter la survenue de blocages intempestifs. La structure constitutionnelle de l'électorat fut ensuite révisée en 1803, peu avant que Napoléon ne vienne définitivement régler le problème. À cette époque, une fois le Rex élu, le sacre de l'empereur n'était plus qu'une simple formalité, aux mains de quiconque se trouvait sur la chaire de saint Pierre à ce moment-là.

Une longue lignée de rois-empereurs fit suite à Otton Ier, dit le Grand : dynastie ottonienne, salienne, de Hohenstaufen, de Welf, de Luxembourg, de Wittelsbach, et pléthore d'habsbourgeois, tous se refusant obstinément à baisser les bras. Certains furent puissants et glorieux, comme Henri IV ou Frédéric Barberousse ; d'autres vénaux et vaniteux, comme Otton IV ou Louis IV. Qu'importaient leurs capacités ou leur politique, chacun d'eux dut apprendre à gérer ces centaines de petits royaumes, tous affamés de "pouvoir" et de privilèges.

Bien entendu, ce mélange était loin d'être stable. Vers 1040, la Franconie se scinda en des entités plus petites encore : la cité-état de Francfort, les villes libres d'Empire de Mayence, Spire et Worms, et le landgraviat de Hesse, entre autres. Dans les années 1200, les Chevaliers teutoniques s'approprièrent un bout de Prusse à l'est, tandis que des nobles allemands pétris d'ambition arrachèrent la Bohême, la Silésie et la Poméranie aux mains des Slaves.

Pour autant, l'Empire était à l'époque plutôt paisible, et surtout prospère. Cette richesse s'expliquait en partie par l'ascension de la Ligue hanséatique, une alliance entre des ports et des corporations financières qui dominait le commerce de la Baltique et la mer du Nord. Bois, fourrure, céréales, minerais et poisson affluaient vers l'ouest, tandis que produits travaillés partaient vers l'est. Basée dans la ville libre d'Empire de Lübeck et fermement implantée dans des villes comme Cologne, Brême et Hambourg, la Ligue possédait des entrepôts et des bureaux dans des ports aussi éloignés que Londres et Novgorod, et prospéra du XIIIe au XVIe siècle. Le niveau de vie des peuples germaniques était le plus élevé d'Europe durant cette période, et leur nombre ne cessait de croître : en 1500, malgré les guerres et les épidémies, cinq à six millions de personnes vivaient sur ces territoires, parmi lesquels nombre d'artisans et de commerçants, désormais organisés en guildes et intégrant parfois, folie ultime, des femmes.

Dans le même temps, la croissance des villes et l'afflux d'argent eurent un effet secondaire inattendu : le développement des arts. Au XIIe siècle, l'abbesse Hildegarde de Bingen rédigea des textes médicaux et théologiques d'influence, ainsi que des poèmes liturgiques, des chansons et la plus vieille moralité connue en Europe. Un siècle plus tard, Walther von der Vogelweide s'affirma comme la référence absolue de l'époque en matière de poésie lyrique. Quelques temps après, un bricoleur de génie du nom de Johannes Gutenberg, originaire de Mayence, inventa les caractères métalliques mobiles, et du même fait, l'imprimerie. Une fois qu'à son tour, le petit peuple sut lire, et ainsi comprendre les déclarations de ses dirigeants, l'Histoire prit un nouveau tournant. Quand bien même il fallut attendre deux siècles pour que l'alphabétisation se généralise en Allemagne, celle-ci mena à des événements aussi fondamentaux que la Réforme protestante, la Renaissance nordique et la révolution scientifique.

C'est donc en douceur que l'Allemagne se développait, jusqu'à ce qu'un fauteur de troubles du nom de Martin Luther ne décide de traduire la Bible dans un langage plus courant, puisque l'imprimerie permettait désormais de la diffuser à grande échelle. Dans la foulée, Martin Luther placarda ses "95 thèses sur la puissance des indulgences" sur la porte de l'église de Wittemberg en octobre 1517. Sa théologie "protestante" entraîna bientôt la guerre des Paysans allemands, qui restera le soulèvement populaire le plus important d'Europe jusqu'à la Révolution française, puis la guerre de Trente Ans, plus sanglante encore, suite à l'effondrement de la paix d'Augsbourg de 1555 qui légitimait la foi luthérienne et obligeait les régions à adopter la même religion que leur prince. De 1618 à 1648, les armées et mercenaires de la Sainte Ligue catholique et de l'Union protestante massacrèrent violemment les "non-croyants", réduisant ainsi, selon les estimations, la population de 20 % à 38 % avant que la fièvre religieuse ne retombe.

Paradoxalement, la personnalité imposante de Martin Luther figure dans les annales de la Renaissance allemande, aux côtés d'artistes comme Albrecht Dürer, d'intellectuels comme Johannes Reuchlin, de musiciens comme Johann Pachelbel, ou encore de nombreux architectes, à l'image d'Elias Holl et de Hans Krumpper. Certains scientifiques allemands eurent quant à eux une influence plus grande encore sur notre civilisation au cours des XVIIe et XVIIIe siècles ; ils furent ainsi les premiers à poser les fondements de la découverte, de la compréhension et du détournement des sciences, ce qui peut notamment expliquer pourquoi le plus célèbre des scientifiques, quoique fictif, soit un certain Dr Frankenstein, de l'université d'Ingolstadt. Johannes Kepler, originaire de la région de Stuttgart, révolutionna l'astronomie. Gottfried Wilhelm Leibniz, génie universel, révolutionna le calcul et fonda l'Académie royale des sciences de Prusse, en 1700. Le fameux philosophe Emmanuel Kant chercha une explication scientifique à l'éthique. Les travaux de l'astronome Maria Winkelmann, de Saxe, et de la naturaliste Maria Sibylla Merian, de Francfort, permirent à d'autres scientifiques allemandes de se faire un nom. Et évidemment, grâce au développement de l'imprimerie, il était plus facile que jamais d'embrouiller les esprits influençables.

Alors pourtant que les artistes et scientifiques allemands inspiraient la civilisation, le Saint-Empire romain germanique vacillait. À cette période de l'histoire, une loi allait enterrer la féodalité européenne, tandis que la bourgeoisie commençait son ascension. De nouvelles dynasties, plus dynamiques, émergeaient dans de nombreux royaumes germaniques : la maison de Hohenzollern dans le Brandebourg-Prusse, la maison de Wittelsbach en Bavière, les Welf dans la Saxe, la maison de Hesse en (surprise !) Hesse, pour n'en citer que quelques-unes. Elles finirent pourtant toutes par s'effacer au profit d'une seule : la maison de Habsbourg, ayant produit tous les rois allemands depuis le XVe siècle, et de fait tous les empereurs romains germaniques, bien qu'étant d'origines autrichiennes. Même lorsque la lignée principale s'éteignit et que Charles VII de Bavière devint brièvement empereur, entre 1742 et 1745, la maison d'Habsbourg-Lorraine ne tarda pas à revenir s'emparer du trône. Cependant, la notion de réforme commençait à émerger, et l'Empereur finit par y répondre, bien que tardivement.

Lorsque Frédéric III demanda aux princes allemands de l'aider à financer ses guerres et d'élire son fils, Maximilien Ier, au rang de roi des Allemands, ceux-ci répondirent en exigeant un rôle plus actif dans les prises de décision. Désireux d'apaiser la situation, déjà complexe, l'Empereur proposa au cours d'une diète d'Empire la création d'une coalition regroupant les villes et la noblesse ; ainsi naquit la grande ligue de Souabe, en 1488. Quelques années plus tard, en 1495, son fils fut à l'origine de la convocation de la diète de Worms, au cours de laquelle les princes et lui s'accordèrent sur les quatre premières propositions de loi, connues sous le nom de Réforme impériale. Celles-ci donnaient à l'Empire, alors en pleine désintégration, un cadre indispensable, grâce notamment à la "Paix éternelle", qui interdisait les querelles au sein de la noblesse germanique, et à "l'impôt d'Empire", une taxe destinée à soutenir les nouvelles infrastructures. Les diètes continuèrent par la suite, créant toujours plus de lois, de réformes... et d'impôts.

Au milieu du XVIIIe siècle, il finit par sembler évident que plus rien ne pourrait maintenir l'unité du royaume allemand et du Saint-Empire romain germanique. Entretenant déjà leurs propres armées et corps diplomatiques, les différents souverains prirent pour habitude de les employer indépendamment des envies du "roi". Suite aux guerres de Silésie et à la guerre de Sept Ans, l'Europe en vint à considérer la Prusse comme une "grande puissance", menée par un "absolutisme éclairé". En Bavière et dans le Wurtemberg, les dirigeants dépensèrent des fortunes pour leurs palais, leurs maîtresses et les arts. Les landgraves de Hesse-Cassel et d'Hanovre décidèrent de gagner de l'argent en louant leurs soldats d'élite en qualité de mercenaires. Quant aux ducs d'Hanovre, ils finirent par devenir rois d'Angleterre et à dire définitivement adieu à leur pays d'origine ; George III, né à Londres et roi d'Angleterre durant la Révolution américaine, ne mit jamais les pieds à Hanovre.

La Révolution française et les guerres napoléoniennes qui suivirent mirent fin à toute illusion d'unité. La menace accéléra dans un premier lieu la médiatisation allemande, terme par lequel on désigne l'annexion des terres d'une monarchie à celles d'un voisin, en laissant toutefois des droits préalablement négociés au souverain ainsi absorbé, mais aussi la sécularisation de l'Empire, c'est-à-dire l'appropriation par la noblesse des dernières terres ecclésiastiques. À compter de 1792, la France révolutionnaire fut en guerre contre la plupart des états germaniques, mais jamais tous en même temps. Le royaume allemand et le Saint-Empire romain germanique furent officiellement dissous par Napoléon lorsque François II d'Autriche abdiqua au début de l'année 1806, suite à la victoire de la France à Austerlitz. Napoléon réorganisa la majeure partie de l'ancien royaume allemand pour former la Confédération du Rhin, qui fut à son tour remplacée par la Confédération germanique en 1815.
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