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Compétence Exclusive

Dernier prophète

Si l'avant-dernier prophète illustre est recruté alors que vous n'en possédez aucun, vous recevez automatiquement le dernier. Science +1 pour chaque ville étrangère ayant adopté la religion créée de l'Arabie.

Contexte Historique
Le Prophète Mahomet mourut des suites d'une maladie, en juin 632, à l'âge de 62 ans, dans la cité de Médine. Sa mort survint quelques mois seulement après son dernier pèlerinage qui jeta les bases du Hajj. Selon les écrits sunnites, ses disciples firent d'Abû Bakr As Siddîq leur Amir al-Mu'minin ("Commandant des croyants"), successeur de Mahomet et premier calife rachidun. Pour les musulmans chiites, le Prophète Mahomet aurait lui-même désigné son gendre et cousin, Ali, comme son successeur spirituel, et le clivage que l'on observe encore aujourd'hui est issu de ces divergences.

Sous le règne d'Abû Bakr et de ses trois successeurs, les guerriers d'islam, galvanisés par la vision du Prophète, balayèrent les déserts et les plaines depuis la cité de Médine. Ils terrassèrent la Perse, la Syrie, l'Égypte ainsi qu'une grande partie de l'Anatolie et de la côte d'Afrique du Nord. Entre 650 et 655, ils s'emparèrent des îles méditerranéennes de Chypre, de la Crête, de Rhodes et d'une grande partie de la Sicile, s'arrêtant aux portes de l'Empire byzantin. En 655, l'empereur byzantin Constant II mena sa flotte contre l'assaut arabe, mais il ne fit que perdre 500 navires et échappa de peu à la mort. À son apogée, le califat rachidun était l'empire le plus étendu en son temps.

Durant ce premier califat arabe, les pays conquis étaient traités avec une certaine bienveillance, selon les enseignements de Mahomet. On laissa aux monothéistes (chrétiens, juifs, zoroastriens et autres originaux) le choix de se convertir à l'Islam en leur promettant, s'ils acceptaient, de bénéficier des mêmes droits que les citoyens islamistes... et de devoir accomplir les mêmes devoirs, bien entendu. Les non-musulmans furent autorisés à vivre leur foi et bénéficièrent de droits selon leurs textes sacrés, dans les limites imposées par le Coran. C'était alors une doctrine relativement tolérante, comparée à celle des chrétiens, alors fort occupés à massacrer les non-croyants au nord, et cette ligne de conduite profita aux califats arabes durant les siècles suivants.

L'administration du Dar al-Islamiyyah ("Maison de l'Islam") était organisée selon la volonté d'Allah, telle qu'elle était décrite par Mahomet. Sous le règne du calife Omar, deuxième émir de toute l'Arabie, l'empire grandissant était divisé en douze provinces, chacune étant administrée par un wali (gouverneur). Les six autres officiers exerçant au niveau provincial allaient du Sahib-ul-Kharaj (percepteur) au Qadi (juge suprême). Omar mit en place un code de conduite strict, prévoyant de terribles sanctions, et les officiers devaient effectuer le Hajj jusqu'à La Mecque chaque année pour recevoir les plaintes à leur encontre. Pour réduire la corruption et l'abus de pouvoir, le calife s'assura également de verser des salaires conséquents à ses officiers. Si Omar fut assassiné par des fanatiques perses, sa politique d'administration de l'empire resta en vigueur des siècles durant.

Après l'assassinat du troisième calife Othman, en 656, Ali, qui bénéficiait du soutien des chiites, fut choisi pour lui succéder. Cependant, Mu'awiya, parent d'Othman et gouverneur de Syrie soutenu par les sunnites, cria vengeance contre les assassins basés à Basra, mais Ali refusa ces représailles, un musulman ne pouvant déclarer la guerre à l'un de ses semblables. Durant la première guerre islamique, impliquant à la fois Ali, Mu'awiya et les Kharidjites, le calife perdit une grande partie du territoire, au profit de Mu'awiya. Ali fut assassiné en 661 par les Kharidjites, qui avaient pour objectif d'éliminer tous les dirigeants islamiques, mais malheureusement pour ces derniers, ils ne parvinrent pas à renverser Mu'awiya. Après un accord avec le fils d'Ali, Mu'awiya se fit proclamer calife, fonda le califat Omeyyade et entreprit d'écraser les Kharidjites.

Si l'époque des Omeyyades dura moins d'un siècle, ils parvinrent malgré tout à conquérir tous les territoires alentour, à l'exception de l'Empire byzantin. Depuis leur capitale, Damas, les califes Omeyyades tels qu'Abd Al-Malik (685-705) et Sulaymān (715-717) partirent à la conquête des territoires du Caucase, du Maghreb, à Sind, sur le sous-continent indien, en Al-Andalus (continent ibérique), à Samarcande, sur la Transoxiane, sur le Khwarezm et d'autres régions aux noms plus complexes encore. Ils fondèrent ainsi le cinquième plus grand empire de toute l'histoire.

À la fois guerriers et bâtisseurs, ils marquèrent considérablement l'histoire de la civilisation. Abd Al-Malik, par exemple, fit de l'Arabe la langue officielle de l'empire, standardisa la monnaie islamique, organisa le système postal, répara la Kaaba de La Mecque, et, pour ne rien gâcher, érigea le Dôme du Rocher de Jérusalem. Et les travaux d'architecture se poursuivirent même après son règne : son fils construisit la mosquée al-Aqsa en face du Dôme du Rocher, ainsi que la Grande Mosquée de Damas. On lui doit également un grand nombre de routes, de puits, et de cols dans les montagnes, qui visaient tout d'abord à aider ses armées, mais servaient également aux citoyens. Le règne des Omeyyades fut notamment caractérisé par la tolérance religieuse. Chrétiens et juifs occupaient des postes importants, et les Omeyyades combattaient les Byzantins sans se soucier de la province syrienne encore largement chrétienne.

Mais les réjouissances ne faisaient que commencer. Les deux guerres civiles et la révolte berbère de 740-743 affaiblirent les Omeyyades, et l'état de guerre permanent instauré par le califat sur toutes les frontières ne fit rien pour arranger les choses. Les richesses étaient épuisées, par la guerre, mais aussi par les programmes sociaux mis en place par les califes désireux d'appliquer les préceptes du Prophète en se montrant généreux envers les pauvres. Les Kaysanites, une secte issue du chiisme menée par la tribu abbasside, se liguèrent contre le calife en 747. En janvier 750, durant la bataille du Grand Zab, les deux familles et leurs alliés s'affrontèrent ; la défaite des Omeyyades fut incontestable. Damas tomba entre les mains des Abbassides en avril et le dernier calife omeyyade fut tué en août, en Égypte. Les quelques Omeyyades encore en vie traversèrent l'Afrique du Nord pour gagner l'Ibérie, où ils établirent le Califat de Cordoue (qui resta en place jusqu'en 1031).

Les Abbassides pouvaient désormais régner sur les territoires arabes. Ils accomplirent cette tâche avec brio, à tel point que l'al-Khilafah al-'Abbasiyah correspond à l'Âge d'or de l'Islam, une période pendant laquelle le califat musulman devint le centre intellectuel et artistique mondial dans des domaines aussi variés que la science, la technologie, la médecine, la philosophie et la littérature, entre autres sujets d'importance. Mais les Abbassides, sous leur drapeau noir, durent d'abord stabiliser l'empire, par la réforme et l'opportunisme politique.

Durant les cinq premiers califats, l'armée fut restructurée, et des soldats non arabes et non musulmans intégrèrent les rangs. On encouragea l'accès à l'éducation pour tous, et les premières usines de papier, à l'ouest, furent bâties par les Chinois faits prisonniers durant la bataille de Talas. La monnaie fut standardisée et stabilisée grâce au soutien royal, et des lois et tarifs furent mis en place afin de favoriser le commerce. La loi islamique fut de nouveau placée au cœur du système juridique par les Abbassides, plus religieux que les Omeyyades. Mais le point le plus important reste sans doute leur volonté de céder l'autorité locale aux familles nobles : Al-Andalus et le Maghreb revinrent aux Omeyyades, le Maroc aux Idrissides, l'Ifriqiya aux Aghlabides, et l'Égypte aux Fatimides, avec pour objectif principal de maintenir l'ummah (littéralement, "la communauté musulmane") dans le respect du Coran.

À l'arrivée au pouvoir du cinquième calife abbasside Hâroun ar-Rachîd, en 786, et malgré quelques révoltes fomentées par des tribus mécontentes, l'empire était paisible, tourné vers le progrès et possédait des richesses colossales. Bagdad comptait un million de citoyens heureux et en bonne santé, à l'époque où Aix-la-Chapelle, la "grande" capitale de Charlemagne, en rassemblait à peine dix mille. Le calife Abdullah al-Mamun, fils d'Hâroun, fit des maisons de la sagesse fondées par son père à Bagdad une institution. Ces lieux rassemblaient les plus grands érudits de trois continents et favorisaient les échanges idéologiques et culturels entre étudiants et professeurs. Les maisons étaient le centre incontesté des lettres et des sciences et renfermaient la plus grande collection de textes de la civilisation en grec, perse, sanskrit, latin, arabe, ainsi qu'en plusieurs langues européennes. Cette période faste prit fin lorsque les Mongols attaquèrent Bagdad, sous le règne de Houlagou Khan en 1258.

Après trois siècles et demi, maintenir un empire plus étendu que celui de Rome malgré les aléas de l'histoire et/ou les chrétiens s'avéra impossible. À l'ouest, la Reconquista battait son plein, poussant les Omeyyades à se retirer peu à peu d'Ibérie. Autre fait décisif, le Vatican, ou du moins son pape Urbain II, convaincu qu'il était grand temps d'unifier la communauté chrétienne et de "reprendre" la Terre-Sainte des mains de l'islam unifiée, lança une série de croisades. La première fut la Croisade populaire de 1096, qui se solda par un échec. Elle fut suivie de la première croisade, qui permit aux chrétiens de s'emparer de la très convoitée Jérusalem, et donna lieu à de vastes massacres au Levant qui se poursuivirent durant des générations. Le combat entre les chrétiens et les musulmans marqua le reste du règne des Abbassides, tandis que les juifs, pris entre les deux camps, restaient les grands oubliés de l'histoire.

C'est à Salah ad-Din Yusuf (également appelé Saladin) que revint la tâche de repousser les infidèles. Bien que déjà commandant pour Nur ad-Din, gouverneur de la Syrie, Saladin fut nommé vizir d'Égypte par le sultan fatimide au pouvoir. À la mort de Nur ad-Din en 1174, Saladin proclama les membres de la dynastie abbasside sultans d'Égypte, puis de la Syrie. Gouvernant depuis Le Caire, dont il était cependant souvent absent, Saladin parvint à réunifier l'islam sous le nouveau califat arabe, tout en déjouant des tentatives d'assassinat ou des révolutions de moindre importance. Commandant accompli, il reprit Jérusalem et écrasa la plupart des états du Levant occupés par les Croisés. Il signa également en juin 1192 le Traité de Ramla avec Richard Cœur de Lion, qui prévoyait que Jérusalem resterait sous le contrôle de l'islam, mais que les pèlerins chrétiens pourraient y accéder librement.

Sept sultans ayyubides succédèrent à Saladin et durent affronter des épreuves insurmontables. Saladin avait établi un système de "souveraineté collective" au sein de l'empire : les membres de la famille Ayyubide gouvernaient des territoires en tant que "sultans d'ordre secondaire", sous l'autorité d'un sultan suprême, l'al-Sultan al-Mu'azzam, une structure politique qui ne pouvait être que source de conflit. En seulement deux générations, le sultanat ayyubide fut en proie au chaos. Les provinces se rebellèrent, les infidèles, entraînés par quelques papes zélés, initièrent d'autres croisades pour "sauver la chrétienté". Les Mamelouks parvinrent à renverser la souveraineté ayyubide en Égypte. Puis vint l'arrivée des Mongols, et au terme de plusieurs années de conflit frontalier, le Grand Khan chargea son frère Houlagou d'étendre l'empire mongol jusqu'aux berges du Nil. En 1258, Houlagou Khan s'empara de Bagdad et massacra ses habitants, dont le calife et la plupart des membres de sa famille.

Malgré les dynasties et autres empires islamiques qui suivirent, le califat arabe à proprement parler n'était plus. Une bien triste fin après six-cents années de gloire, une ère à jamais gravée dans la mémoire des croyants.
PortraitSquare
icon_civilization_arabia

Spécificités

Dirigeants
icon_leader_saladin
Saladin (vizir)
icon_leader_default
Saladin (sultan)
Unités spéciales
icon_unit_arabian_mamluk
Mamelouk
Infrastructure spéciale
icon_building_madrasa
Médersa

Géographie et données

Lieu
Asie-Afrique
Superficie
Sous le califat omeyyade, environ 15 millions de kilomètres carrés
Population
Sous les Omeyyades, environ 34 millions
Capitale
Nombreuses (Médine, Kufah, Damas, Bagdad, Le Caire)
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Unités spéciales
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Mamelouk
Infrastructure spéciale
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Médersa

Géographie et données

Lieu
Asie-Afrique
Superficie
Sous le califat omeyyade, environ 15 millions de kilomètres carrés
Population
Sous les Omeyyades, environ 34 millions
Capitale
Nombreuses (Médine, Kufah, Damas, Bagdad, Le Caire)
Compétence Exclusive

Dernier prophète

Si l'avant-dernier prophète illustre est recruté alors que vous n'en possédez aucun, vous recevez automatiquement le dernier. Science +1 pour chaque ville étrangère ayant adopté la religion créée de l'Arabie.

Contexte Historique
Le Prophète Mahomet mourut des suites d'une maladie, en juin 632, à l'âge de 62 ans, dans la cité de Médine. Sa mort survint quelques mois seulement après son dernier pèlerinage qui jeta les bases du Hajj. Selon les écrits sunnites, ses disciples firent d'Abû Bakr As Siddîq leur Amir al-Mu'minin ("Commandant des croyants"), successeur de Mahomet et premier calife rachidun. Pour les musulmans chiites, le Prophète Mahomet aurait lui-même désigné son gendre et cousin, Ali, comme son successeur spirituel, et le clivage que l'on observe encore aujourd'hui est issu de ces divergences.

Sous le règne d'Abû Bakr et de ses trois successeurs, les guerriers d'islam, galvanisés par la vision du Prophète, balayèrent les déserts et les plaines depuis la cité de Médine. Ils terrassèrent la Perse, la Syrie, l'Égypte ainsi qu'une grande partie de l'Anatolie et de la côte d'Afrique du Nord. Entre 650 et 655, ils s'emparèrent des îles méditerranéennes de Chypre, de la Crête, de Rhodes et d'une grande partie de la Sicile, s'arrêtant aux portes de l'Empire byzantin. En 655, l'empereur byzantin Constant II mena sa flotte contre l'assaut arabe, mais il ne fit que perdre 500 navires et échappa de peu à la mort. À son apogée, le califat rachidun était l'empire le plus étendu en son temps.

Durant ce premier califat arabe, les pays conquis étaient traités avec une certaine bienveillance, selon les enseignements de Mahomet. On laissa aux monothéistes (chrétiens, juifs, zoroastriens et autres originaux) le choix de se convertir à l'Islam en leur promettant, s'ils acceptaient, de bénéficier des mêmes droits que les citoyens islamistes... et de devoir accomplir les mêmes devoirs, bien entendu. Les non-musulmans furent autorisés à vivre leur foi et bénéficièrent de droits selon leurs textes sacrés, dans les limites imposées par le Coran. C'était alors une doctrine relativement tolérante, comparée à celle des chrétiens, alors fort occupés à massacrer les non-croyants au nord, et cette ligne de conduite profita aux califats arabes durant les siècles suivants.

L'administration du Dar al-Islamiyyah ("Maison de l'Islam") était organisée selon la volonté d'Allah, telle qu'elle était décrite par Mahomet. Sous le règne du calife Omar, deuxième émir de toute l'Arabie, l'empire grandissant était divisé en douze provinces, chacune étant administrée par un wali (gouverneur). Les six autres officiers exerçant au niveau provincial allaient du Sahib-ul-Kharaj (percepteur) au Qadi (juge suprême). Omar mit en place un code de conduite strict, prévoyant de terribles sanctions, et les officiers devaient effectuer le Hajj jusqu'à La Mecque chaque année pour recevoir les plaintes à leur encontre. Pour réduire la corruption et l'abus de pouvoir, le calife s'assura également de verser des salaires conséquents à ses officiers. Si Omar fut assassiné par des fanatiques perses, sa politique d'administration de l'empire resta en vigueur des siècles durant.

Après l'assassinat du troisième calife Othman, en 656, Ali, qui bénéficiait du soutien des chiites, fut choisi pour lui succéder. Cependant, Mu'awiya, parent d'Othman et gouverneur de Syrie soutenu par les sunnites, cria vengeance contre les assassins basés à Basra, mais Ali refusa ces représailles, un musulman ne pouvant déclarer la guerre à l'un de ses semblables. Durant la première guerre islamique, impliquant à la fois Ali, Mu'awiya et les Kharidjites, le calife perdit une grande partie du territoire, au profit de Mu'awiya. Ali fut assassiné en 661 par les Kharidjites, qui avaient pour objectif d'éliminer tous les dirigeants islamiques, mais malheureusement pour ces derniers, ils ne parvinrent pas à renverser Mu'awiya. Après un accord avec le fils d'Ali, Mu'awiya se fit proclamer calife, fonda le califat Omeyyade et entreprit d'écraser les Kharidjites.

Si l'époque des Omeyyades dura moins d'un siècle, ils parvinrent malgré tout à conquérir tous les territoires alentour, à l'exception de l'Empire byzantin. Depuis leur capitale, Damas, les califes Omeyyades tels qu'Abd Al-Malik (685-705) et Sulaymān (715-717) partirent à la conquête des territoires du Caucase, du Maghreb, à Sind, sur le sous-continent indien, en Al-Andalus (continent ibérique), à Samarcande, sur la Transoxiane, sur le Khwarezm et d'autres régions aux noms plus complexes encore. Ils fondèrent ainsi le cinquième plus grand empire de toute l'histoire.

À la fois guerriers et bâtisseurs, ils marquèrent considérablement l'histoire de la civilisation. Abd Al-Malik, par exemple, fit de l'Arabe la langue officielle de l'empire, standardisa la monnaie islamique, organisa le système postal, répara la Kaaba de La Mecque, et, pour ne rien gâcher, érigea le Dôme du Rocher de Jérusalem. Et les travaux d'architecture se poursuivirent même après son règne : son fils construisit la mosquée al-Aqsa en face du Dôme du Rocher, ainsi que la Grande Mosquée de Damas. On lui doit également un grand nombre de routes, de puits, et de cols dans les montagnes, qui visaient tout d'abord à aider ses armées, mais servaient également aux citoyens. Le règne des Omeyyades fut notamment caractérisé par la tolérance religieuse. Chrétiens et juifs occupaient des postes importants, et les Omeyyades combattaient les Byzantins sans se soucier de la province syrienne encore largement chrétienne.

Mais les réjouissances ne faisaient que commencer. Les deux guerres civiles et la révolte berbère de 740-743 affaiblirent les Omeyyades, et l'état de guerre permanent instauré par le califat sur toutes les frontières ne fit rien pour arranger les choses. Les richesses étaient épuisées, par la guerre, mais aussi par les programmes sociaux mis en place par les califes désireux d'appliquer les préceptes du Prophète en se montrant généreux envers les pauvres. Les Kaysanites, une secte issue du chiisme menée par la tribu abbasside, se liguèrent contre le calife en 747. En janvier 750, durant la bataille du Grand Zab, les deux familles et leurs alliés s'affrontèrent ; la défaite des Omeyyades fut incontestable. Damas tomba entre les mains des Abbassides en avril et le dernier calife omeyyade fut tué en août, en Égypte. Les quelques Omeyyades encore en vie traversèrent l'Afrique du Nord pour gagner l'Ibérie, où ils établirent le Califat de Cordoue (qui resta en place jusqu'en 1031).

Les Abbassides pouvaient désormais régner sur les territoires arabes. Ils accomplirent cette tâche avec brio, à tel point que l'al-Khilafah al-'Abbasiyah correspond à l'Âge d'or de l'Islam, une période pendant laquelle le califat musulman devint le centre intellectuel et artistique mondial dans des domaines aussi variés que la science, la technologie, la médecine, la philosophie et la littérature, entre autres sujets d'importance. Mais les Abbassides, sous leur drapeau noir, durent d'abord stabiliser l'empire, par la réforme et l'opportunisme politique.

Durant les cinq premiers califats, l'armée fut restructurée, et des soldats non arabes et non musulmans intégrèrent les rangs. On encouragea l'accès à l'éducation pour tous, et les premières usines de papier, à l'ouest, furent bâties par les Chinois faits prisonniers durant la bataille de Talas. La monnaie fut standardisée et stabilisée grâce au soutien royal, et des lois et tarifs furent mis en place afin de favoriser le commerce. La loi islamique fut de nouveau placée au cœur du système juridique par les Abbassides, plus religieux que les Omeyyades. Mais le point le plus important reste sans doute leur volonté de céder l'autorité locale aux familles nobles : Al-Andalus et le Maghreb revinrent aux Omeyyades, le Maroc aux Idrissides, l'Ifriqiya aux Aghlabides, et l'Égypte aux Fatimides, avec pour objectif principal de maintenir l'ummah (littéralement, "la communauté musulmane") dans le respect du Coran.

À l'arrivée au pouvoir du cinquième calife abbasside Hâroun ar-Rachîd, en 786, et malgré quelques révoltes fomentées par des tribus mécontentes, l'empire était paisible, tourné vers le progrès et possédait des richesses colossales. Bagdad comptait un million de citoyens heureux et en bonne santé, à l'époque où Aix-la-Chapelle, la "grande" capitale de Charlemagne, en rassemblait à peine dix mille. Le calife Abdullah al-Mamun, fils d'Hâroun, fit des maisons de la sagesse fondées par son père à Bagdad une institution. Ces lieux rassemblaient les plus grands érudits de trois continents et favorisaient les échanges idéologiques et culturels entre étudiants et professeurs. Les maisons étaient le centre incontesté des lettres et des sciences et renfermaient la plus grande collection de textes de la civilisation en grec, perse, sanskrit, latin, arabe, ainsi qu'en plusieurs langues européennes. Cette période faste prit fin lorsque les Mongols attaquèrent Bagdad, sous le règne de Houlagou Khan en 1258.

Après trois siècles et demi, maintenir un empire plus étendu que celui de Rome malgré les aléas de l'histoire et/ou les chrétiens s'avéra impossible. À l'ouest, la Reconquista battait son plein, poussant les Omeyyades à se retirer peu à peu d'Ibérie. Autre fait décisif, le Vatican, ou du moins son pape Urbain II, convaincu qu'il était grand temps d'unifier la communauté chrétienne et de "reprendre" la Terre-Sainte des mains de l'islam unifiée, lança une série de croisades. La première fut la Croisade populaire de 1096, qui se solda par un échec. Elle fut suivie de la première croisade, qui permit aux chrétiens de s'emparer de la très convoitée Jérusalem, et donna lieu à de vastes massacres au Levant qui se poursuivirent durant des générations. Le combat entre les chrétiens et les musulmans marqua le reste du règne des Abbassides, tandis que les juifs, pris entre les deux camps, restaient les grands oubliés de l'histoire.

C'est à Salah ad-Din Yusuf (également appelé Saladin) que revint la tâche de repousser les infidèles. Bien que déjà commandant pour Nur ad-Din, gouverneur de la Syrie, Saladin fut nommé vizir d'Égypte par le sultan fatimide au pouvoir. À la mort de Nur ad-Din en 1174, Saladin proclama les membres de la dynastie abbasside sultans d'Égypte, puis de la Syrie. Gouvernant depuis Le Caire, dont il était cependant souvent absent, Saladin parvint à réunifier l'islam sous le nouveau califat arabe, tout en déjouant des tentatives d'assassinat ou des révolutions de moindre importance. Commandant accompli, il reprit Jérusalem et écrasa la plupart des états du Levant occupés par les Croisés. Il signa également en juin 1192 le Traité de Ramla avec Richard Cœur de Lion, qui prévoyait que Jérusalem resterait sous le contrôle de l'islam, mais que les pèlerins chrétiens pourraient y accéder librement.

Sept sultans ayyubides succédèrent à Saladin et durent affronter des épreuves insurmontables. Saladin avait établi un système de "souveraineté collective" au sein de l'empire : les membres de la famille Ayyubide gouvernaient des territoires en tant que "sultans d'ordre secondaire", sous l'autorité d'un sultan suprême, l'al-Sultan al-Mu'azzam, une structure politique qui ne pouvait être que source de conflit. En seulement deux générations, le sultanat ayyubide fut en proie au chaos. Les provinces se rebellèrent, les infidèles, entraînés par quelques papes zélés, initièrent d'autres croisades pour "sauver la chrétienté". Les Mamelouks parvinrent à renverser la souveraineté ayyubide en Égypte. Puis vint l'arrivée des Mongols, et au terme de plusieurs années de conflit frontalier, le Grand Khan chargea son frère Houlagou d'étendre l'empire mongol jusqu'aux berges du Nil. En 1258, Houlagou Khan s'empara de Bagdad et massacra ses habitants, dont le calife et la plupart des membres de sa famille.

Malgré les dynasties et autres empires islamiques qui suivirent, le califat arabe à proprement parler n'était plus. Une bien triste fin après six-cents années de gloire, une ère à jamais gravée dans la mémoire des croyants.
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