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Dirigeants

Égypte
Compétence Exclusive

Iteru

Production +15 % pour les quartiers et les merveilles si adjacent à un fleuve. Ne subit aucun dégât d'inondation.

Contexte Historique
Alors que les Grecs en étaient encore à s'assommer à grands coups de gourdin et que Rome n'était qu'une plaine perdue au milieu de sept collines, l'Égypte des pharaons avait déjà établi sur les berges du Nil une civilisation à l'épreuve du temps, ou tout du moins de quelques millénaires. Avant de finir absorbées par la toute-puissante Rome, l'Égypte et ses terres fertiles furent dirigées par une succession de près de 170 pharaons. Au commencement, les premiers habitants découvrirent des plaines inondables incroyablement fertiles pour la culture des céréales, ce qui entraîna l'essor de villes majeures, comme Nekhen (ou Hiérakonpolis), puis plus tard Abydos. C'est ainsi que naquit la toute première prédynastie égyptienne, celle de Nagada.

Non contents de tracer des routes commerciales avec la Nubie au sud et les cités-états du Levant et du Proche-Orient, les premiers Égyptiens fabriquaient des peignes, des petites statues, des poteries, des cosmétiques, des bijoux, des meubles et tout le bric-à-brac nécessaire au bon fonctionnement d'une société de consommation. Ainsi, ils passèrent du simple souci de la subsistance au statut de peuple "civilisé". Vers 3 150 av. J.-C., ils créèrent des cultes funéraires complexes et se mirent à construire des mastabas élaborés. Les premiers pharaons de l'Ancien Empire (vers 2 700-2 200 av. J.-C.) décidèrent que compte tenu de toute la richesse créée, il était logique de mettre en place un système d'impôts. Cet argent permit de financer des projets d'irrigation, de mettre en place un système judiciaire et de lever une armée. Coïncidence stupéfiante, les pharaons se mirent au même moment à faire bâtir d'immenses tombes et monuments à la gloire de leur propre divinité, à l'image des pyramides de Gizeh et du Sphinx.

L'Égypte deviendra la théocratie polythéiste par excellence. S'ils étaient bien humains, on croyait pourtant que les pharaons descendaient des dieux : Osiris, Anubis, Horus, Isis, et d'autres. Si les dieux étaient censés être égaux, certains étaient parfois l'objet d'un culte spécifique plus prononcé, comme le dieu-soleil Rê au Moyen Empire et Amon sous le Nouvel Empire. Régulièrement, sous l'impulsion révisionniste des prêtres, une puissance à part entière comme si souvent au cours de l'histoire, les divinités égyptiennes fusionnèrent entre elles, tout en gardant les aspects mystiques de leur apparence antérieure ; le meilleur exemple est sans doute celui d'Amon-Rê, un dieu à la fois caché et solaire, et seuls les Égyptiens semblaient en mesure de s'y retrouver. À ce panthéon venait s'ajouter un système complexe de rites funéraires : les Égyptiens furent en effet les premiers à décrire la vie après la mort, dont ils prévoyaient de bien profiter à condition d'en avoir les moyens. Pour assurer la santé et le bien-être du kâ (la force de vie) et du bâ (l'âme), les rites et protocoles funéraires requéraient la momification du corps du défunt, des sortilèges magiques, un sarcophage et du mobilier funéraire, un mysticisme qui a depuis été adapté à toutes les sauces (merci Hollywood !).

Bien sûr, cette paix et cette prospérité n'étaient pas gratuites : l'Égypte souffrait en contrepartie d'apathie, de corruption, d'infrastructures déclinantes, de consanguinité et de querelles royales intestines. Les nomarques, gouverneurs régionaux, ne tardèrent pas à remettre en cause le gouvernement central et à le remplacer par une autorité locale ; ils se mirent dans la foulée à collecter les impôts, si bien que les pharaons n'eurent bientôt plus les finances nécessaires pour maintenir une si grande administration centrale, ce qui en retour ne fit qu'accélérer le déclin. Pour couronner le tout, une grave famine commença en 2200 av. J.-C. pour ne prendre fin que cinquante années plus tard. C'est ainsi que prit fin l'Ancien Empire, tandis que des pharaons rivaux se disputaient le contrôle du Nil entre Héracléopolis Magna et Thèbes. En quelques siècles à peine, le clan des Intef, nomarques de Thèbes, avait supplanté les autres prétendants à la souveraineté de la Haute et de la Basse Égypte et unifié le pays. Ce nouvel Empire, baptisé "Moyen" et s'étendant de 2134 à 1690 av. J.-C., amena une renaissance des arts, du commerce, de la richesse, des aventures militaires et tous ces curieux monuments parsemant le paysage que des générations de touristes ébahis purent par la suite admirer.

Comme on pouvait s'y attendre, l'Égypte des pharaons eut bien du mal à rester stable plus de quelques siècles d'affilée. Lorsque la XIVe dynastie prit fin, vers 1650 av. J.-C., les choses se délitèrent à nouveau et le gouvernement s'effondra de manière spectaculaire. Le Moyen Empire fut suivi de la deuxième période intermédiaire, puis du Nouvel Empire, puis de la troisième période intermédiaire, puis de la Basse époque. Au cours de cette longue période, s'étalant d'environ 2100 à 600 av. J.-C., le gouvernement égyptien connut diverses fortunes, une alternance de conflits internes et de périodes de paix et prospérité relatives. Les ennemis extérieurs envahissaient le pays à ses moments de faiblesse, et les pharaons repoussaient les frontières de leur empire lorsque l'Égypte était puissante. Avec toutes ces renaissances et autant de déclins, l'attrait des puissances étrangères devint inévitable. En 525 av. J.-C., l'Égypte fut prise par les Perses, qui contrôlèrent le pays jusqu'à sa conquête par Alexandre le Grand en 332 av. J.-C., grand pourfendeur de Perses devant l'éternel. C'est à la mort de celui-ci qu'un général macédonien fonda la dynastie des Ptolémée, la dernière à régner sur l'Égypte.

Fondée par Ptolémée Ier Sôter, un favori d'Alexandre nommé satrape d'Égypte à la mort de ce dernier, la nouvelle dynastie fut rapidement acceptée par les flegmatiques autochtones, et sous son règne, l'Égypte prospéra pendant 275 ans. Tous les pharaons prirent le nom de Ptolémée, et les reines, pour la plupart sœurs du roi, celui de Cléopâtre ou Bérénice, pour le plus grand plaisir des amateurs d'histoire. Globalement, les premiers Ptolémée étaient des dirigeants particulièrement habiles, du moins selon les textes de l'époque, et de toutes les dynasties d'Égypte, celle des Ptolémée est la mieux documentée. Ces pharaons d'origine macédonienne adoptèrent les coutumes locales, bâtirent des monuments en l'honneur des anciens dieux et s'installèrent dans de nouvelles régions grâce à des concessions de terre octroyées aux vétérans macédoniens, créant du même coup une milice surentraînée. Ils baissèrent également les taxes, ce qui leur permit de gagner les faveurs de la population.

Les trois premiers Ptolémée firent de l'Égypte une grande puissance économique qui exportait une variété de choses, babioles comme véritables trésors, mais c'est pourtant les céréales qui firent sa richesse lorsqu'elle devint le grenier du bassin méditerranéen. Le blé d'Emmer, l'orge, les fèves, le coton, le lin et le henné étaient achetés, puis acheminés par tous, des empires naissants jusqu'aux cités-états les plus ancestrales. L'Égypte était à la jonction des routes commerciales venant du sud et de l'est vers la Méditerranée, ajoutant encore à sa richesse. Sans surprise, d'autres se mirent rapidement à convoiter le royaume, qui sombrait lentement à nouveau dans la décadence.

En 170 av. J.-C., le Séleucide Antiochos IV envahit l'Égypte et renversa Ptolémée VI, âgé d'à peine dix ans. Le jeune frère de ce dernier fut alors intronisé en tant que co-souverain sous le nom de Ptolémée VIII Évergète II, mais l'affaire ne dura qu'un temps. Les sordides querelles dynastiques laissèrent l'Égypte exsangue, et elle devint de facto un protectorat de Rome, son principal client en denrées agricoles. À l'image du fléau qui devait frapper les familles royales d'Europe près de 1 600 ans plus tard (mention spéciale à Charles II d'Espagne), l'inceste entre les Ptolémée et les Cléopâtre diminua grandement les capacités physiques et mentales des générations ultérieures. La liste des symptômes inclut, dans le désordre et sans s'y limiter, l'obésité morbide, l'exophtalmie, des troubles fibreux pouvant affecter plusieurs organes, ainsi qu'une touche de sclérose. En d'autres termes, lorsque Cléopâtre VII fut mariée à son idiot de frère cadet Ptolémée XIII en 51 av. J.-C., la destinée de la dynastie était déjà scellée.

Ayant vu les Macédoniens et les Séleucides se chamailler aux frontières de leur royaume décadent, les dirigeants égyptiens s'allièrent à l'empire de Rome, certes lointain, mais à la puissance montante. Ce pacte dura près de 150 ans ; les Romains, cupides qu'ils étaient, exigeaient de l'Égypte toujours plus de tributs et d'influence sur les affaires internes, comme le règlement de la querelle opposant Cléopâtre VII à son frère. Histoire sordide s'il en est, l'affaire commença par leur mariage, qui engendra une lutte de pouvoir entre la reine et le pharaon pour la domination du royaume. Le consul de Rome, Jules César, décida de s'en mêler. Il s'installa donc au palais d'Alexandrie et ne tarda pas à passer beaucoup de temps avec Cléopâtre, alors âgée de 22 ans et qui, par chance, avait semblerait-il échappé à la génétique disgracieuse de la consanguinité.

Avec l'aide des troupes de Jules César, et après quelques petites escarmouches à Alexandrie, dont une ayant possiblement entraîné l'incendie de la grande bibliothèque, Cléopâtre VII vainquit Ptolémée XIII au cours de la bataille du Nil, fleuve dans laquelle il se noya peu de temps après, sans nul doute possible par accident. Cléopâtre épousa alors un autre de ses frères, Ptolémée XIV, celui-ci encore plus jeune que le précédent. Elle donna un fils à Jules César, Ptolémée XV, dit "Césarion", puis déménagea à Rome où elle s'allia à Marc Antoine dans le vide politique qui suivit l'assassinat de César. Auguste, exaspéré par cette sorcière de "reine étrangère", lui déclara la guerre, ainsi qu'à Marc Antoine. Le nouvel empereur fit une entrée triomphale dans Alexandrie en août de l'an 30 av. J.-C., et Cléopâtre se suicida peu de temps après son dernier amant.

À la mort de Cléopâtre, l'Égypte devint officiellement une province romaine. Les Romains, tirant les enseignements des succès des premiers Ptolémée, se gardèrent bien de toucher à la religion, à la culture ou au commerce du pays : tout était comme avant, à la différence près que c'était à présent Rome qui en tirait les bénéfices ; l'Égypte des pharaons n'existait plus. Byzantins, Sassanides, Arabes, Fatimides, Ayyoubides, le pays fut par la suite, durant deux millénaires, dirigé par une longue série de souverains variés, un contraste saisissant par rapport aux quatre millénaires où le pays domina l'ancien monde.
PortraitSquare
icon_civilization_egypt

Spécificités

Dirigeants
icon_leader_cleopatra
Cléopâtre (Égyptienne)
icon_leader_default
Ramsès II
icon_leader_default
Cléopâtre (Ptolémaïque)
Unités spéciales
icon_unit_egyptian_chariot_archer
Archer sur char Maryannu
Infrastructure spéciale
icon_improvement_sphinx
Sphinx

Géographie et données

Lieu
Afrique
Superficie
Environ 1 million de kilomètres carrés
Population
Environ 7,5 millions (dynastie des Ptolémées)
Capitale
Variable (Memphis, Thèbes, Alexandrie, et Le Caire aujourd'hui)
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Dirigeants
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Cléopâtre (Égyptienne)
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Ramsès II
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Cléopâtre (Ptolémaïque)
Unités spéciales
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Archer sur char Maryannu
Infrastructure spéciale
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Sphinx

Géographie et données

Lieu
Afrique
Superficie
Environ 1 million de kilomètres carrés
Population
Environ 7,5 millions (dynastie des Ptolémées)
Capitale
Variable (Memphis, Thèbes, Alexandrie, et Le Caire aujourd'hui)
Compétence Exclusive

Iteru

Production +15 % pour les quartiers et les merveilles si adjacent à un fleuve. Ne subit aucun dégât d'inondation.

Contexte Historique
Alors que les Grecs en étaient encore à s'assommer à grands coups de gourdin et que Rome n'était qu'une plaine perdue au milieu de sept collines, l'Égypte des pharaons avait déjà établi sur les berges du Nil une civilisation à l'épreuve du temps, ou tout du moins de quelques millénaires. Avant de finir absorbées par la toute-puissante Rome, l'Égypte et ses terres fertiles furent dirigées par une succession de près de 170 pharaons. Au commencement, les premiers habitants découvrirent des plaines inondables incroyablement fertiles pour la culture des céréales, ce qui entraîna l'essor de villes majeures, comme Nekhen (ou Hiérakonpolis), puis plus tard Abydos. C'est ainsi que naquit la toute première prédynastie égyptienne, celle de Nagada.

Non contents de tracer des routes commerciales avec la Nubie au sud et les cités-états du Levant et du Proche-Orient, les premiers Égyptiens fabriquaient des peignes, des petites statues, des poteries, des cosmétiques, des bijoux, des meubles et tout le bric-à-brac nécessaire au bon fonctionnement d'une société de consommation. Ainsi, ils passèrent du simple souci de la subsistance au statut de peuple "civilisé". Vers 3 150 av. J.-C., ils créèrent des cultes funéraires complexes et se mirent à construire des mastabas élaborés. Les premiers pharaons de l'Ancien Empire (vers 2 700-2 200 av. J.-C.) décidèrent que compte tenu de toute la richesse créée, il était logique de mettre en place un système d'impôts. Cet argent permit de financer des projets d'irrigation, de mettre en place un système judiciaire et de lever une armée. Coïncidence stupéfiante, les pharaons se mirent au même moment à faire bâtir d'immenses tombes et monuments à la gloire de leur propre divinité, à l'image des pyramides de Gizeh et du Sphinx.

L'Égypte deviendra la théocratie polythéiste par excellence. S'ils étaient bien humains, on croyait pourtant que les pharaons descendaient des dieux : Osiris, Anubis, Horus, Isis, et d'autres. Si les dieux étaient censés être égaux, certains étaient parfois l'objet d'un culte spécifique plus prononcé, comme le dieu-soleil Rê au Moyen Empire et Amon sous le Nouvel Empire. Régulièrement, sous l'impulsion révisionniste des prêtres, une puissance à part entière comme si souvent au cours de l'histoire, les divinités égyptiennes fusionnèrent entre elles, tout en gardant les aspects mystiques de leur apparence antérieure ; le meilleur exemple est sans doute celui d'Amon-Rê, un dieu à la fois caché et solaire, et seuls les Égyptiens semblaient en mesure de s'y retrouver. À ce panthéon venait s'ajouter un système complexe de rites funéraires : les Égyptiens furent en effet les premiers à décrire la vie après la mort, dont ils prévoyaient de bien profiter à condition d'en avoir les moyens. Pour assurer la santé et le bien-être du kâ (la force de vie) et du bâ (l'âme), les rites et protocoles funéraires requéraient la momification du corps du défunt, des sortilèges magiques, un sarcophage et du mobilier funéraire, un mysticisme qui a depuis été adapté à toutes les sauces (merci Hollywood !).

Bien sûr, cette paix et cette prospérité n'étaient pas gratuites : l'Égypte souffrait en contrepartie d'apathie, de corruption, d'infrastructures déclinantes, de consanguinité et de querelles royales intestines. Les nomarques, gouverneurs régionaux, ne tardèrent pas à remettre en cause le gouvernement central et à le remplacer par une autorité locale ; ils se mirent dans la foulée à collecter les impôts, si bien que les pharaons n'eurent bientôt plus les finances nécessaires pour maintenir une si grande administration centrale, ce qui en retour ne fit qu'accélérer le déclin. Pour couronner le tout, une grave famine commença en 2200 av. J.-C. pour ne prendre fin que cinquante années plus tard. C'est ainsi que prit fin l'Ancien Empire, tandis que des pharaons rivaux se disputaient le contrôle du Nil entre Héracléopolis Magna et Thèbes. En quelques siècles à peine, le clan des Intef, nomarques de Thèbes, avait supplanté les autres prétendants à la souveraineté de la Haute et de la Basse Égypte et unifié le pays. Ce nouvel Empire, baptisé "Moyen" et s'étendant de 2134 à 1690 av. J.-C., amena une renaissance des arts, du commerce, de la richesse, des aventures militaires et tous ces curieux monuments parsemant le paysage que des générations de touristes ébahis purent par la suite admirer.

Comme on pouvait s'y attendre, l'Égypte des pharaons eut bien du mal à rester stable plus de quelques siècles d'affilée. Lorsque la XIVe dynastie prit fin, vers 1650 av. J.-C., les choses se délitèrent à nouveau et le gouvernement s'effondra de manière spectaculaire. Le Moyen Empire fut suivi de la deuxième période intermédiaire, puis du Nouvel Empire, puis de la troisième période intermédiaire, puis de la Basse époque. Au cours de cette longue période, s'étalant d'environ 2100 à 600 av. J.-C., le gouvernement égyptien connut diverses fortunes, une alternance de conflits internes et de périodes de paix et prospérité relatives. Les ennemis extérieurs envahissaient le pays à ses moments de faiblesse, et les pharaons repoussaient les frontières de leur empire lorsque l'Égypte était puissante. Avec toutes ces renaissances et autant de déclins, l'attrait des puissances étrangères devint inévitable. En 525 av. J.-C., l'Égypte fut prise par les Perses, qui contrôlèrent le pays jusqu'à sa conquête par Alexandre le Grand en 332 av. J.-C., grand pourfendeur de Perses devant l'éternel. C'est à la mort de celui-ci qu'un général macédonien fonda la dynastie des Ptolémée, la dernière à régner sur l'Égypte.

Fondée par Ptolémée Ier Sôter, un favori d'Alexandre nommé satrape d'Égypte à la mort de ce dernier, la nouvelle dynastie fut rapidement acceptée par les flegmatiques autochtones, et sous son règne, l'Égypte prospéra pendant 275 ans. Tous les pharaons prirent le nom de Ptolémée, et les reines, pour la plupart sœurs du roi, celui de Cléopâtre ou Bérénice, pour le plus grand plaisir des amateurs d'histoire. Globalement, les premiers Ptolémée étaient des dirigeants particulièrement habiles, du moins selon les textes de l'époque, et de toutes les dynasties d'Égypte, celle des Ptolémée est la mieux documentée. Ces pharaons d'origine macédonienne adoptèrent les coutumes locales, bâtirent des monuments en l'honneur des anciens dieux et s'installèrent dans de nouvelles régions grâce à des concessions de terre octroyées aux vétérans macédoniens, créant du même coup une milice surentraînée. Ils baissèrent également les taxes, ce qui leur permit de gagner les faveurs de la population.

Les trois premiers Ptolémée firent de l'Égypte une grande puissance économique qui exportait une variété de choses, babioles comme véritables trésors, mais c'est pourtant les céréales qui firent sa richesse lorsqu'elle devint le grenier du bassin méditerranéen. Le blé d'Emmer, l'orge, les fèves, le coton, le lin et le henné étaient achetés, puis acheminés par tous, des empires naissants jusqu'aux cités-états les plus ancestrales. L'Égypte était à la jonction des routes commerciales venant du sud et de l'est vers la Méditerranée, ajoutant encore à sa richesse. Sans surprise, d'autres se mirent rapidement à convoiter le royaume, qui sombrait lentement à nouveau dans la décadence.

En 170 av. J.-C., le Séleucide Antiochos IV envahit l'Égypte et renversa Ptolémée VI, âgé d'à peine dix ans. Le jeune frère de ce dernier fut alors intronisé en tant que co-souverain sous le nom de Ptolémée VIII Évergète II, mais l'affaire ne dura qu'un temps. Les sordides querelles dynastiques laissèrent l'Égypte exsangue, et elle devint de facto un protectorat de Rome, son principal client en denrées agricoles. À l'image du fléau qui devait frapper les familles royales d'Europe près de 1 600 ans plus tard (mention spéciale à Charles II d'Espagne), l'inceste entre les Ptolémée et les Cléopâtre diminua grandement les capacités physiques et mentales des générations ultérieures. La liste des symptômes inclut, dans le désordre et sans s'y limiter, l'obésité morbide, l'exophtalmie, des troubles fibreux pouvant affecter plusieurs organes, ainsi qu'une touche de sclérose. En d'autres termes, lorsque Cléopâtre VII fut mariée à son idiot de frère cadet Ptolémée XIII en 51 av. J.-C., la destinée de la dynastie était déjà scellée.

Ayant vu les Macédoniens et les Séleucides se chamailler aux frontières de leur royaume décadent, les dirigeants égyptiens s'allièrent à l'empire de Rome, certes lointain, mais à la puissance montante. Ce pacte dura près de 150 ans ; les Romains, cupides qu'ils étaient, exigeaient de l'Égypte toujours plus de tributs et d'influence sur les affaires internes, comme le règlement de la querelle opposant Cléopâtre VII à son frère. Histoire sordide s'il en est, l'affaire commença par leur mariage, qui engendra une lutte de pouvoir entre la reine et le pharaon pour la domination du royaume. Le consul de Rome, Jules César, décida de s'en mêler. Il s'installa donc au palais d'Alexandrie et ne tarda pas à passer beaucoup de temps avec Cléopâtre, alors âgée de 22 ans et qui, par chance, avait semblerait-il échappé à la génétique disgracieuse de la consanguinité.

Avec l'aide des troupes de Jules César, et après quelques petites escarmouches à Alexandrie, dont une ayant possiblement entraîné l'incendie de la grande bibliothèque, Cléopâtre VII vainquit Ptolémée XIII au cours de la bataille du Nil, fleuve dans laquelle il se noya peu de temps après, sans nul doute possible par accident. Cléopâtre épousa alors un autre de ses frères, Ptolémée XIV, celui-ci encore plus jeune que le précédent. Elle donna un fils à Jules César, Ptolémée XV, dit "Césarion", puis déménagea à Rome où elle s'allia à Marc Antoine dans le vide politique qui suivit l'assassinat de César. Auguste, exaspéré par cette sorcière de "reine étrangère", lui déclara la guerre, ainsi qu'à Marc Antoine. Le nouvel empereur fit une entrée triomphale dans Alexandrie en août de l'an 30 av. J.-C., et Cléopâtre se suicida peu de temps après son dernier amant.

À la mort de Cléopâtre, l'Égypte devint officiellement une province romaine. Les Romains, tirant les enseignements des succès des premiers Ptolémée, se gardèrent bien de toucher à la religion, à la culture ou au commerce du pays : tout était comme avant, à la différence près que c'était à présent Rome qui en tirait les bénéfices ; l'Égypte des pharaons n'existait plus. Byzantins, Sassanides, Arabes, Fatimides, Ayyoubides, le pays fut par la suite, durant deux millénaires, dirigé par une longue série de souverains variés, un contraste saisissant par rapport aux quatre millénaires où le pays domina l'ancien monde.
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