Taruga est le nom donné à un site archéologique situé au centre du Nigeria, où furent trouvées des traces de production de fer parmi les plus anciennes de toute l'Afrique occidentale. En outre, l'endroit révéla également de captivantes sculptures en terre cuite aux coiffures complexes et aux visages allongés, témoins les plus anciens des avancées artistiques et scientifiques de la région.

Le nom que les habitants de Taruga donnèrent à leur cité a disparu dans les limbes de l'Histoire, tout comme le nom même de leur peuplade. C'est pourquoi les archéologues ont baptisé cette culture "Nok", d'après un autre site emblématique de la région. Les spécialistes préfèrent parler de "culture Nok", plutôt que de "peuple Nok" ou d'"empire Nok", car nous ignorons s'ils vivaient sous une entité politique unie, ou s'il s'agissait d'un peuple ou groupe partageant une culture commune. Ils occupaient un territoire équivalent en superficie à l'actuel Portugal, composé majoritairement de l'actuel Nigeria, dont sa capitale Abuja. La culture Nok connut son apogée autour de 500 avant notre ère, bien qu'elle ait pu voir le jour près de mille ans plus tôt, si l'on en croit les dernières avancées archéologiques. Son système de hiérarchie sociale outrepassait les simples relations filiales, et faisait la part belle à une élite dirigeante. Les sculptures Nok représentant des citrouilles, des traces de sorgo et de millet ont été relevées sur leurs sites. À mesure que les populations Nok croissaient, le contrôle, l'échange et le stockage de ces denrées devint de plus en plus crucial et complexe, débouchant sur la construction de vastes greniers et la mise en place de tout un réseau commercial.

Dans l'histoire de l'humanité, les Nok se démarquent par deux aspects : leur découverte précoce du travail du fer et leurs sculptures en terre cuite. Les forges Nok produisaient aussi bien des outils agricoles que des armes de guerre. D'ailleurs, si la guerre n'est pas très proéminente dans l'art Nok, leurs flèches et lances révèlent toute leur expertise en la matière. Les sculptures Nok mêlent l'ordinaire et le fantastique. La plupart représentent des hommes portant des armes rituelles, avec de courtes barbes rectangulaires et des moustaches limitées à la commissure des lèvres. D'autres figurent des hybrides entre homme et animal : un éléphant aux yeux humains, des hommes affublés de becs d'oiseau, etc.

Les Nok disparurent aux alentours de l'an 200, pour des raisons qui demeurent inconnues. Toutefois, leur influence sur les civilisations ouest-africaines ultérieures est indéniable, et ils constituent un exemple d'innovation technologique et scientifique en une époque reculée.