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De nos jours, les châteaux sont avant tout des empilements de pierres plus ou moins intacts dominant les paysages d'Europe, dont certains remontent au début du Xe siècle, époque à laquelle les seigneurs féodaux étaient prêts à tout pour asseoir leur pouvoir et leur influence. Si quelques-uns n'étaient guère plus que des cubes de pierres froids, sales et anguleux, d'autres au contraire sont des structures échappées d'un conte de fées, avec de hautes tours, des parapets à créneaux et des arcs-boutants. Au-delà du romanesque, entre preux chevaliers, damoiselles en détresse, grands banquets et barbares périssant noyés dans les douves, les châteaux jouaient un rôle clé dans la société féodale : celui d'imposer la volonté du seigneur sur ses terres.

D'après les archéologues, l'accumulation de richesses et l'excédent de ressources firent naître le besoin de structures défensives. Ainsi, les premières fortifications apparurent dans le Croissant fertile, dans la Vallée de l'Indus, en Égypte et en Chine, afin de tenir les barbares à bonne distance du garde-manger, tandis qu'à la traîne, l'Europe ne se mit à ériger des talus fortifiés qu'à l'Âge du bronze. Peu après la fin de la Pax Romana, les tribus germaniques entamèrent la construction d'imposantes fortifications de pierre, et les incursions magyares, vikings et musulmanes précipitèrent l'apparition de châteaux forts. La fin de l'Empire carolingien mena à la privatisation du gouvernement local, et les seigneurs locaux jouirent alors du "privilège" de protéger la population. Les victoires de Guillaume le Conquérant marquèrent le début d'une longue période de guerres et de conquêtes entre souverains rivaux, au cours de laquelle la civilisation occidentale se consacra à la construction de châteaux forts, jusqu'à l'arrivée de la poudre et du canon au XVIIe siècle.

Alors que les châteaux forts, avec leurs hautes et épaisses murailles, passaient de mode en Europe, le Japon se mit à construire les siens. Évolution des palissades de bois des premiers daymiō, les châteaux les plus anciens comprenaient un corps principal en pierre et des étages supérieurs en bois, un choix de matériaux qui les rendait particulièrement vulnérables au feu, ce dont ils firent les frais lors de la période Sengoku. Mais contrairement à ce qui se passa en Europe, l'arrivée de la poudre à canon marqua une ère de construction de châteaux à grande échelle, qui se prolongea jusqu'à l'avènement de l'ère Meiji et la fin de la féodalité.